Arts et spectacles - NDLR: À la suite des quatre Félix qu’a remporté le groupe Karkwa au gala de l’ADISQ, La Frontière a voulu savoir comment leur gérant, Sandy Boutin, arrivait à s’occuper du groupe tout en restant à Rouyn-Noranda. Rencontre avec un homme passionné qui ne compte pas ses heures pour la culture. Comment fait-on pour être le gérant d’un groupe comme Karkwa à partir de Rouyn-Noranda?
Quand j’ai accepté de devenir le gérant de Karkwa, je savais qu’il était possible d’être un gérant sans habiter à Montréal. Par exemple, le gérant de Vincent Vallières habite à Sherbrooke. C’est sûr que c’est moins loin, mais il arrive tout de même à travailler de chez lui.
Dans mon cas, c’est sûr que je me déplace beaucoup entre Rouyn-Noranda et Montréal. Mais on n’est plus dans les années 1980, où il n’y avait que des télécopieurs. Avec Internet, j’arrive à coordonner les activités.
J’ai aussi décentralisé la gestion du groupe. Par exemple, la banque qui s’occupe des finances de Karkwa, le comptable et la responsable des relations de presse sont tous à Rouyn-Noranda. Et ça fonctionne très bien.
Qu’est-ce que ça change dans votre travail de gérant le fait que Karkwa ait gagné quatre Félix à l’ADISQ?
C’est sûr que cette année, c’est l’année de Karkwa. Avec tous les prix qu’il a gagnés, on peut dire que le groupe est vraiment bien installé sur la scène musicale. Mais il faut savoir qu’il a fallu cinq ans de travail acharné pour en arriver là. Karkwa n’a jamais été la saveur du mois. Son public s’est bâti au fil du temps. Les prix que le groupe a reçus donnent seulement plus de visibilité.
Pour ce qui est de l’impact sur mon travail, c’est sûr que le téléphone sonne plus souvent. Je devrai passer certainement plus de temps à Montréal. Mais avec le temps, mon rôle de gérant a évolué, alors qu’au début, je m’occupais de tout. Maintenant, plusieurs personnes se divisent les tâches. Mon rôle à moi, désormais, c’est de coordonner toutes ces personnes. Ça ne veut pas dire que j’ai plus de temps. Je suis toujours autant dans le jus (rires).
Président du Festival de musique émergente (FME) qui est en plein essor et gérant de Karkwa, un groupe de plus en plus populaire, Sandy Boutin, êtes-vous heureux?
C’est sûr que je suis très content que tout fonctionne. Mais il faut comprendre que je travaille au FME bénévolement depuis le tout début. Même chose pour Karkwa, pour qui je travaille depuis cinq ans toujours bénévolement. Je m’étais promis que tant que les membres du groupe ne recevraient pas de paies régulières, je ne prendrais pas d’argent.
Je commence à peine à faire un peu de sous avec la gérance de Karkwa. Mais je ne peux toujours pas vivre de ça. Je dois faire des petits contrats pour gagner ma vie. C’est sûr que ça rend les choses plus difficiles.
Maintenant que le disque de Karkwa va être lancé en France, je risque de pouvoir gagner un peu d’argent et, idéalement, vivre de la culture.
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