Il est malheureux que les hommages viennent trop tard et parfois, jamais. Ce disque qui nous offre douze poèmes de Gaston Miron, chantés par douze hommes «rapaillés», se présente à nous douze ans après la mort du poète, j'allais dire du géant. Mais en fait il ne s'agit pas d'un disque hommage, mais bien d'une collection de poèmes devenus chansons sous l'inspiration musicale de Gilles Bélanger. Il nous avait habitués à Miron par l'intermédiaire de Chloé Sainte-Marie qui a su y chercher toute cette sensibilité amoureuse que le poète manifestait autant pour l'humain que pour le pays.
Ici, avec cette brochette éclectique allant de Yann Perreau (la retenue dans son interprétation nous fait découvrir une autre facette de lui) puis nous amène jusqu'à Plume en passant par Richard Séguin (magistral dans cette retrouvaille du monde et de l'amour, de Michel Rivard et les autres, Louis-Jean Cormier (de Karkwa) réalise un disque en tissant une toile magnifique faite des musiques de Bélanger.
Tout le disque est bon. Tout le disque est à la hauteur de Gaston Miron, cet homme de paroles et de ruine-babines, celui qui, marchant sur les trottoirs de Montréal ou de Paris, entonnait ses airs de folklore qu'il affectionnait tout particulièrement et aussi, dans des élans de grand nord, dans des éclats de sa voix unique, ses propres poèmes.
Comme il aurait été ému d'entendre ces douze voix comme il l'aurait également été en savourant le cristallin de celle de Chloé Sainte-Marie.
C'est vrai que les hommages viennent ou tard ou jamais, mais ici, il ne s'agit pas d'un hommage à un poète mort en 1996, mais une occasion offerte au grand public d'écouter et de recevoir les mots d'un Miron essentiellement québécois et totalement universel. Ses poèmes sont d'une actualité frissonnante et deviennent, oui plus accessibles, mais surtout accrocheurs à l'oreille.
Je vous convie à un petit exercice fort amusant: suite à l'écoute des «Douze hommes rapaillés», à l'endos de la pochette où sont inscrits les titres dans leur énumération initiale, déplacez-les et vous verrez que là encore on peut y découvrir, en les rapaillant autrement, un autre poème.
Ce disque sera, j'en suis assuré, une oeuvre de collection.
Critique de Voir, Francis Hébert, Article du 6 novembre 2008
Cet hommage à Gaston Miron est de toute beauté. Gilles Bélanger a mis en musique 12 poèmes (certains déjà interprétés par Chloé Sainte-Marie, avec qui il travaille) et a rapatrié une brochette de chanteurs de qualité. Ici, pas d'indésirables: le chanteur de Karkwa Louis-Jean Cormier (qui signe la réalisation inventive), Yann Perreau, Martin Léon, Vincent Vallières, sans oublier les plus vieux: Rivard, Flynn, Corcoran, Faubert, Daniel Lavoie, Plume, Richard Séguin. Il y a une jubilation à entendre chanter ces textes rapaillés dans un écrin musical essentiellement acoustique et riche. Du travail remarquable.
52 % de mots bien tournés
20 % de jeunesse échevelée et chantante
20 % de colportage de patrimoine
5 % d'emballage soigné, reproduisant les poèmes
3 % de joie pure qu'un tel hommage existe
52 % de mots bien tournés
20 % de jeunesse échevelée et chantante
20 % de colportage de patrimoine
5 % d'emballage soigné, reproduisant les poèmes
3 % de joie pure qu'un tel hommage existe
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire