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dimanche 9 novembre 2008

Douze hommes rapaillés chantent Miron

Philippe Rezzonico, Le Journal de Montreal, 09-11-2008

Douze hommes rapaillés chantent Miron

Des mots gravés dans la pierre

Douze hommes forts pour résumer une oeuvre gigantesque, celle du poète Gaston Miron, dont les mots sont présentés sous un jour nouveau avec l’album Douze hommes rapaillés chantent Miron. On parle ici d’un véritable tour de force.

Douze auteurs-compositeurs du Québec, donc – et pas les moindres –, qui se mettent au service de l’oeuvre de Miron pour ce projet musical façonné par Gilles Bélanger et réalisé par Louis-Jean Cormier, de Karkwa.

Le résultat? Inespéré.

«Ça fait longtemps que je travaille l’oeuvre de Miron, et après la collaboration avec Chloé Sainte-Marie, je me disais que ça ne pouvait pas s’arrêter là. J’ai donc pensé à Louis-Jean pour réaliser le disque, en raison de son ouverture et de sa complémentarité avec son collègue François Lafontaine.»
«Et je voulais aussi des interprètes qui étaient des auteurs-compositeurs et qui connaissaient l’oeuvre de Miron

Au final, outre Bélanger et Cormier, Corcoran, Rivard, Séguin, Flynn, Lavoie, Faubert, Perreau, Léon, Vallières et Plume ont répondu présent.

«J’avais un line-up
de fou sous la main, mais je ne voulais surtout pas servir quelque chose du genre pizza all dressed, note Cormier. Je voulais que chaque interprète demeure dans son habitat naturel, histoire que ça demeure homogène.»

Que retiennent les principaux intéressés de l’expérience et de l’oeuvre de Miron?

Commentaires de 10 des 12 hommes rapaillés


GILLES BÉLANGER
: «L’oeuvre de Gaston sera encore là dans 200 ou 300 ans. Ce projet représente dix ans de travail.»

JIM CORCORAN
: «J’ai eu la chance de rencontrer Miron il y a 20 ans. Je me souviens que j’étais inquiet et anxieux. La rencontre n’a pourtant fait que confirmer l’image de ce que l’homme laissait deviner. Je le vois comme le bruiteur de l’âme. Il a fait du repérage intérieur quelque chose de plus vrai et de plus profond.»

LOUIS-JEAN CORMIER
:«Une chanson comme La route que nous suivons, elle aurait pu être écrite aujourd’hui. Il y a quelque chose d’intemporel dans l’oeuvre. Miron, c’est le père ou le grand-père rempli de sagesse, mais c’est aussi le jeune fou. Il y a plein de reliefs dans son oeuvre.»

MICHEL FAUBERT
: «Quand je pense à lui, je vois une association avec le poète chilien Pablo Neruda. C’était un poète qui parlait au monde: étudiant universitaire, ouvrier, cultivateur. Il était proche de nos racines, mais c’était aussi un homme de la ville. Il rayonnait dans l’espace. Pour moi qui suis un chanteur traditionnel, cette collaboration ne représente pas une incursion en pays étranger.»

PIERRE FLYNN
: «J’ai découvert Miron à l’adolescence et ça a frappé fort pour quelqu’un comme moi qui baignais dans la culture musicale anglo-saxonne à l’époque. Gaston s’en était mis beaucoup sur les épaules et il a cerné avant tout le monde ce qu’était notre condition commune d’être québécois.»

DANIEL LAVOIE
: «Ce que représente l’oeuvre de Miron? Je l’adore, je le lis et il m’inspire. Et depuis qu’on a amorcé ce projet, je l’aime encore plus qu’avant.»

MARTIN LÉON
:«Pour l’interprétation, il fallait s’abandonner complètement au texte. Sinon, t’as l’air fou. C’est le plus grand poète qui raconte l’homme et la femme face à l’amour. Et avec finesse, grandeur et lucidité. Son oeuvre aurait mérité d’être célébrée davantage de son vivant, c’est pour ça qu’on est heureux d’avoir pris part à ce projet.»

YANN PERREAU
: «J’étais heureux que Gilles me propose Je marche à toi, parce que c’est la chanson que je préfère du répertoire de Chloé. Gaston Miron est à la poésie ce que Félix Leclerc est à notre chanson. Il est le phare et il est d’une intégrité, d’une dignité et d’un humanisme absolus.»

RICHARD SÉGUIN
: «L’unanimité face au projet a été facile. On l’a fait pour Miron et pour Gilles. Louis- Jean avait une vision d’ensemble. En nous offrant des compositions guitare-voix, on avait tous le même point de repère. Miron, c’est la poésie qui parle le mieux de nous autres. Ce sont des mots gravés dans la pierre. Et lui, il est la somme de ce que nous sommes.»

VINCENT VALLIÈRES
: «Quand Louis-Jean m’a envoyé le texte et la musique, ça m’a pris cinq minutes pour me décider. Ce qui est fascinant quand tu lis la poésie de Miron, c’est qu’aucun vers n’est faible. Il y a là une richesse incroyable et ça démontre son amour de la langue et son amour tout court pour le pays.»


Douze voix, un géant

Ils sont douze. Douze hommes pas du tout en colère, mais rapaillés.

Fait rarissime, ces douze auteurs-compositeurs ont tous, d’emblée, accepté d’être uniquement interprètes l’espace d’un moment unique: celui qui les a liés le temps d’une chanson née des mots de l’un des plus grands poètes du Québec, Gaston Miron.Telle est l’ampleur du projet mis sur pied par Gilles Bélanger à la suggestion de l’éditeur Guillaume Lombart: faire passer la poésie de Miron en musique.

En soi, ce n’est pas nouveau. Bélanger s’acquitte de cette tâche depuis des années et Chloé Sainte- Marie a fait découvrir Miron et d’autres grandes plumes poétiques du Québec à travers ses formidables albums.

Mais avec le concours de Louis-Jean Cormier, de Karkwa, à la réalisation, Douze hommes rapaillés propose une voix – douze, en fait – masculine, forte et ferme, tendre ou sensible, des textes de Miron.

De l’aîné, Plume, jusqu’au benjamin qu’est Cormier, les vétérans Rivard, Séguin, Flynn, Lavoie, Faubert ainsi que leurs successeurs Martin Léon, Yann Perreau et Vincent Vallières livrent des offrandes de Miron agencées par Bélanger.

L’UNION FAIT LA FORCE


Si ces auteurs-compositeurs dignes d’une équipe d’étoiles du centenaire du Canadien avaient travaillé chacun de leur côté, l’unité de son et les textures auraient pu être différentes.

Ici, Cormier réussit à conférer une unité d’ensemble sans qu’aucun interprète y perde sa personnalité.

Rivard
(La Mémorable) demeure chansonnier, Faubert (sublime Je t’écris pour te dire que je t’aime) conserve son identité de conteur, Plume (Désemparé) est touchant, Lavoie (Ce monde sans issue) est mélodique au possible et Vallières (Au sortir du labyrinthe) baigne dans le folk.

Cormier
s’est flanqué d’un band à la hauteur des auteurs avec son collègue de Karkwa François Lafontaine (piano), Mario Légaré (basse), Robbie Kuster (batterie), Guido Del Fabro (violon) et Mélanie Auclair (violoncelle).

Il enveloppe Flynn (Poème dans le goût ancien) de cordes, fait preuve de minimalisme avec Perreau (Je marche à toi), offre des arrangements étoffés à Léon (Art poétique) et Corcoran (Mon bel amour) et s’offre pour lui-même une densité à l’image de Karkwa.

Au final, nous sommes ébahis devant la force évocatrice, transportés par les interprétations, charmés par les arrangements, et l’on se dit que les mots de Miron ont rarement eu un tel support pour rayonner.

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