Karkwa la grande réunion d'octobre 2017

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mardi 29 avril 2008

La critique de bande à part



KARKWA / LE VOLUME DU VENT
[consultez la fiche de l'artiste]
ville ou région : Montréal
style : Rock alternatif
en magasin: 1 avril 2008
étiquette : Audiogram / Sélect


C'est quoi?

Le volume du vent est le troisième disque de Karkwa, une formation québécoise devenue incontournable. Véritable voyage musical, ce nouveau disque débute comme des montagnes russes, vous fait traverser une tornade, d'immenses vagues, puis finalement vous dépose sur un bord de mer ensoleillé.


Comment décrire la musique de l'album?

Les membres de Karkwa sont d'excellents musiciens, mais ici, ils ne le prouvent pas par des compositions pointues et sans intérêt. Chacune des 13 chansons est tout simplement lumineuse. Karkwa nous berce, Oublie pas, nous secoue, La façade, nous fait flotter avec Mieux respirer; on passe par tous les états d'âme. Les collaborateurs sont excellents: Patrick Watson, Olivier Langevin de Galaxie 500, ou encore Elizabeth Powell de Land of talk. Les pièces sont riches. Soulignons la réalisation impeccable signée par Karkwa et Mathieu Parisien.


Une musique bien de chez nous?

La grande qualité de Karkwa est de faire une musique actuelle qui nous ressemble, nous, habitants du monde, du Québec. Une musique qui ne verse jamais dans la pop facile. Les textes nous touchent, les voix sont justes, l'ordre proposé des pièces est parfait. Même la pochette est très belle. Retenez votre souffle... plongez.
Une écoute divine d'Alexandre Courteau

samedi 26 avril 2008

Le temps qui passe les préoccupe

Les gars de Karkwa roulent leur bosse depuis 10 ans, ils sont maintenant dans la fin vingtaine et même si ce n'est pas conscient, le temps qui passe les préoccupe. C'est du moins ce qu'ils ont eux-mêmes constaté après avoir lancé leur troisième album, "Le Volume du vent".

"On est presque toujours ensemble, à essayer des affaires, à composer. C'est un processus spontané et si on ne se donne pas de sujets particuliers, on se rend compte qu'il y a quand même des lignes directrices. Et le temps, dans toutes ses dimensions, en fait partie", raconte le chanteur Louis-Jean Cormier, qui faisait une tournée hier dans la région avec le claviériste François Lafontaine et le percussionniste Julien Sagot, pour présenter ce nouveau disque.

Ainsi, dès le départ, ils avaient dans l'idée de pousser plus loin le côté orchestral, les arrangements, les montées, et on peut affirmer qu'ils ont réussi, avec brio. Sur chaque pièce, on constate le travail de recherche, un peu dans le style de l'auteur-compositeur-interprète Patrick Watson. Qui, incidemment, a accepté de faire des voix sur la chanson "Le compteur".

"Pat, c'est un ami, on trippe sur les mêmes affaires. Quand on a vu qu'on avait besoin d'une collaboration pour cette toune, on a pensé à lui. En plus, on aime ça faire chanter un anglophone en français. Et c'est artistique, ce n'est pas politique", assure François Lafontaine.

Mais si Karkwa ne fait pas de politique, cela ne signifie pas que la formation de cinq musiciens ne se penche pas sur des questions sociales qui la touche plus particulièrement. Ainsi, sur "Le Volume du vent", il y a une chanson sur la guerre, "Combien", une autre sur l'itinérance, "Échapper au sort", le premier extrait radio, et une autre sur le travail des enfants, "À la chaîne".

"Nous décrivons des problèmes sociaux, sans pour autant apporter de réponse. Nous ne voulons pas être porteur d'un dossier, mais plutôt utiliser des images fortes pour montrer une situation", explique Louis-Jean Cormier.

Pour Karkwa, souligne François Lafontaine, les mots comptent, mais la voix a aussi une grande importance. En fait, elle devient en elle-même un instrument, et c'est pourquoi elle prend beaucoup de place sur ce disque produit sous étiquette Audiogram. Autant sur les chansons que sur les deux musiques instrumentales.

"Il y a beaucoup de chansons intenses sur cet album, alors nous avons voulu mettre des soupapes, trouver un bon dosage", mentionne Louis-Jean Cormier.

Isabelle Labrie Le Quotidien Chicoutimi

Karkwa garde le cap avec Le volume du vent

Oui, on peut parler de maturité musicale, de recherches vocales et de production léchée sur ce troisième opus du groupe prog/pop Karkwa, et on peut surtout parler d'évolution de la part de ces cinq jeunes hommes dont la «vraie vie» ne fait que démarrer.

Intéressante cette entrevue avec Stéphane Bergeron (batterie) et François Lafontaine (clavier), de passage à Gatineau cette semaine. Stéphane et le chanteur et guitariste Louis-Jean Cormier, étaient venus il y a deux ans expliquer la genèse de Les tremblements s'immobilisent, qui s'est finalement écoulé à 18 000 copies. Un bon pas pour le quintette, qui n'avait assurément pas la prétention de devenir les rois québécois de la pop-progressive planante aux épices britanniques!

Intéressante cette entrevue, car les Karkwaïens semblent avoir trouvé leur identité avec cet album d'où le temps et la métropole transpirent allègrement. Il est toujours fascinant de constater que chaque échelon gravi par un artiste «pas pressé» est une épreuve qui le mène à la prochaine, qui elle, sera encore plus ardue. D'étape en étape, cette boule de talent, qui trimbalait elle-même son matériel dans la valise de sa voiture à -30, s'approchera du rêve de tout artiste: être assez «big» pour engager ses propres techniciens et aspirer à une longue et fructueuse carrière.

À travers les exténuantes tournées qui les plongent dans un univers parallèle où le jour se mélange avec la nuit, l'apprentissage musical et la complicité qui les unissent se sont consolidés. Bien que Stéphane et François partagent humblement ces treize nouvelles découvertes avec leurs collaborateurs techniques, qui ont transformé le studio en paradis pour eux, ils ne peuvent cacher que l'approfondissement du son sur Le volume du vent est le résultat d'une communion des cinq.

«On s'est jamais demandé ce qu'on faisait pour le prochain album. On fait une toune de temps à autres, on les intègre dans les spectacles tranquillement et en studio, on a du recul et on peut faire du fignolage», explique Stéphane. Les musiques sont trouvées en premier et Louis-Jean Cormier laisse sortir la poésie urbaine quand son esprit la libère. Cela peut arriver à tout moment, et les gars demeurent à l'affût, se parlant ou se voyant à chaque semaine. Grâce à cette proximité, les sessions de pratique ou d'enregistrement sont plus facilement prévisibles.
«On fonctionne de manière spontanée, instinctive. Moi, je me donne des objectifs, mais le moment que tu amènes tes idées dans le local, tout peut arriver! Et en plus, on se connaît bien, alors on se parle sans détour et on règle les problèmes avec quelques mots seulement. Et ce qui est super, c'est que maintenant, les 'premiers jets' marchent presque tout le temps très bien. Ce sont des versions quasiment finales!», lance François. «Après, tu sculptes, tu gosses dans les coins. Moi, c'est ce que j'aime le plus», ajoute Stéphane.

Le batteur insiste sur le fait que si Karkwa commence à se stabiliser à travers cette épaisse jungle qu'est le showbizz, le son du groupe, lui, ne sera jamais figé. «On veut tellement en faire plus des albums, au moins 30! Surtout qu'on vieillit, on voit pas les choses de la même façon. On sait pas, peut-être que notre huitième sera une trame sonore juste instrumentale…»

En attendant ce possible opus, François et Stéphane essaient de garder la tête froide en orchestrant leur vie de jeune famille et en respectant les «dates butoir» de création (studio, lancement, shows). «Tu sais, on vit dans une espèce de marginalité, un autre 'pattern', un autre monde. Tu reviens de tournée et tu te rends compte que ta mère a plus de cheveux gris et que la blonde de ton chum est enceinte… Tout ça est déstabilisant, alors il faut décompresser», admet Stéphane.

François, lui, confesse que le «workaholisme» l'a envahi, mais qu'il est en voie de guérison! Enfin… peut-être.

par Patrick Voyer le 15 avril 2008

Le Volume du vent

Après la surprise Les Tremblements s'immobilisent en 2005, Karkwa confirme son immense potentiel sur Le Volume du vent, un album plus homogène aux arrangements (piano, violons, xylophone, guitares, percussions) tout aussi complexes que mélodiquement sans reproche.

C'est d'ailleurs la grande force du guitariste/chanteur Louis-Jean Cormier et du claviériste François Lafontaine: transformer des mélodies inspirées en d'oniriques crescendos émotionnels quasi symphoniques. Précis, raffiné, ambitieux, ouvert sur le rock britannique, la musique minimaliste de Steve Reich ou la folk plus fragile de Sufjan Stevens, Karkwa compte parmi les meilleurs groupes de la province. De la haute gastronomie pour les tympans.

Olivier Robillard Laveaux


Karkwa est un jardin de givre

Implantés dans la scène montréalaise francophone depuis maintenant 10 ans, le temps est venu pour Karkwa de convaincre les plus exigeants mélomanes d'entre tous. Bien que leur album précédent, Les tremblements s'immobilisent, ait connu un succès commercial considérable, le quintette n'était pas encore au sommet de son art et c'est avec Le volume du vent qu'on saisiera réellement la qualité des cinq musiciens.

Dans des tons froids, aux couleurs de la pochette, un voyage s'amorce. Le compteur donne la température de départ: il fait -30°C et pourtant, l'air est bon et le vent, juste frisquet. Climat stable jusqu'à la toute fin; sauf peut-être pour un léger réchauffement le temps de Dormir le jour, Le volume du vent n'en reste pas moins chaleureux et accueillant. Chaque pièce camouflant son lot de surprises, chaque pièce étant la suite logique de la précédente et faisant clairement partie d'un tout, l'album en entier a très peu de moments creux et encore moins de faux pas. C'est en oscillant entre plusieurs sonorités, effets et instrumentations afin de mieux expérimenter le côté organique des ambiances polaires que le groupe renverse. Ils trouvent le moyen de créer un univers hivernal, glaçant, dans lequel ce -30°C est des plus agréables.

Sur Le volume du vent, les voix sont traitées avec une si grande minutie qu'elles en sont visiblement considérées comme un instrument à part entière. Elles sont souvent accompagnées (Patrick Watson, Elisabeth Powell, Marie-Pierre Fournier, chorale d'enfants improvisée) et travaillées, mais n'en diluent pas moins les écrits qui, en général, sont paufinés avec soin. Les mélodies planantes enveloppent et accentuent le pouls ; d'autant plus que le lexique favorisé est en accord avec l'univers présenté. Respirer, froid et vent sont à la base des textes; tous signés Louis-Jean Cormier excepté Le solstice, adaptation d'un poème de Pierre Nepveu qui, justement, a donné naissance au titre du disque.

À écouter dans le noir, à l'aube de n'importe quelle saison et lorsque nous désirons le temps chaud, froid ou le temps froid, chaud. Éclosion à mi-temps, Karkwa est un jardin de givre dont les fleurs n'ont pas fini d'épater.

Par: Opale Lavigne le 10 avril 2008, Par: Opale Lavigne

Entre bises et bourrasques

LE VOLUME DU VENT, DE KARKWA
© Photo Reine-May Crescence/Canoë
Journée chargée pour les membres du groupe Karkwa qui étaient de passage à Québec aujourd’hui pour promouvoir leur plus récent album Le volume du vent dans les bacs des disquaires depuis le 1er avril. On les a surpris attablés autour d’une grande table d’un restaurant de la ville, prenant leur petit-déjeuner dans une ambiance décontractée, le sourire aux lèvres, l’air content. Karkwa peut laisser son stress au vestiaire, car l’accueil plutôt flatteur réservé à leur dernier opus augure de bons présages.

Univers organique

Le volume du vent fait la une de la presse culturelle et le groupe est considéré comme l’une des valeurs sûres de la musique pop-rock québécoise. Il est vrai que cet album qui arrive un peu plus de deux ans après Les tremblements s’immobilisent (2005) ne laisse pas indifférent parce qu’il est justement différent de ce qu’on qualifie de rock. On plonge avec bonheur dans l’univers expérimental et organique de Karkwa truffé de bruitages et de sons répétitifs, d’ambiance planante et vaporeuse, d’arrangements toujours aussi efficaces. Si les envolées rock de cet album paraissent moins lourdes que sur le précédent, «ce n’était pas voulu», exprime Louis-Jean Cormier, le guitariste et chanteur du groupe. «Notre musique est instinctive, elle correspond à l’ambiance dans laquelle on se trouvait à ce moment-là. On écoute beaucoup de folk américain, ça a dû nous inspirer», poursuit-il

Par contre, le minimalisme des textes, tous signés par Louis Jean Cormier (sauf Le Solstice, poème de Pierre Nepveu), est voulu. «Le défi est justement d’écrire des choses qui ne sont pas touffues pour laisser la place à la musique. On veut créer ou suggérer une atmosphère. Notre création est ancrée dans le présent et chaque chanson est laissée à l’imagination des musiciens. Le riff est là ainsi que la ligne directrice, mais chacun y apporte son idée. Tout le monde s’exprime et nous travaillons de manière spontanée», avoue François Lafontaine, le claviériste du groupe.

D’ailleurs, la rencontre avec les élèves de l’école Saint-Arsène qu’on entend sur la dernière chanson À la chaîne s’est faite spontanément. «Ce n’est pas une chorale professionnelle. Quand on a composé la chanson, l’idée était d’y rajouter une chorale. Il y avait une école juste à côté de chez Mathieu Parisien où on a mixé l’album. Le directeur a été d’accord pour qu’on enregistre avec les élèves dans le gymnase», raconte François Lafontaine.

Le présent et l’avenir

En plus de collectionner de nombreuses distinctions, dont les plus récents sont le prix Félix Leclerc 2006 remis dans le cadre des Francofolies de Montréal et le prix Dédé-Fortin 2007 décerné à des auteurs-compositeurs de la scène émergente, Karkwa trouve écho à l’étranger.

Le groupe a déjà donné plusieurs prestations en France, essentiellement dans des festivals en Bretagne, à Brest et sur la scène marginale. En faisant la première partie des Cow-boys Fringants qui cartonnent là-bas, ils avouent que les gars leur ont rendu un «sacré service», car l’objectif est de ratisser large même si le vaste marché français est difficile d’accès. «Le marché là-bas vit actuellement une grosse crise. Pour percer, il faut qu’on parle beaucoup de toi. Notre nom commence à se propager, c’est tout. Naïvement, nous irons là où on nous invite, car notre volonté est d’exporter notre musique», expliquent Louis-Jean Cormier, François Lafontaine et le batteur Stéphane Bergeron.

Ce n’est pas plus facile aux États-Unis. «Dans cet autre marché, c’est la barrière de la langue qui pose problème. Il faut s’associer à de gros groupes américains pour espérer faire de grosses soirées rock ou créer un buzz médiatique. Pour l’instant, nous faisons souvent des tournées dans les collèges et c’est super épuisant, mais nous y croyons», poursuivent les musiciens qui ne comptent plus les kilomètres avalés sur la 20 ou la 40 qu’ils ont emprunté à maintes reprises.

Est-ce qu’ils iraient pour autant chanter n’importe où, comme à la fête du Canada par exemple? «On peut aller jouer là tout en ayant des idées séparatistes. Chaque membre du groupe a sa propre conviction politique et on ne veut pas que cela empiète sur notre musique. Je ne sais pas par contre si on irait jouer à une fête organisée par la Chine. À la différence, le Canada n’est pas un pays qui maltraite les gens et on ne refusera pas une belle scène qui nous permette d’évoluer musicalement. C’est ce qui est le plus important. Par contre, on a fait des tournées dans les universités pour promouvoir le vote et inciter les jeunes à être de bons citoyens, ce qui n’est pas pareil. Nous ne sommes pas un groupe engagé comme tel, on s’engage dans des thématiques et on invite les gens à la réflexion à travers nos textes», précisent les musiciens.

Karkwa devrait se retrouver sur quelques scènes à Québec cet été, mais rien n’est confirmé. Les seules certitudes sont le Grand Théâtre en décembre et une tournée en France à la mi-juin et des spectacles du côté de la Gaspésie en août.

Reine-May Crescence 09-04-2008

Nouveauté musicale: Karkwa, Le volume du vent

Troisième disque pour la formation québécoise Karkwa. Et à l’écoute de ce nouveau CD, un constat: Le volume du vent se lève et entraînera rapidement Karkwa vers les plus hauts sommets musicaux.

Dès la première écoute, on perçoit beaucoup plus de ressemblance entre ce troisième disque et le précédent (Les tremblements s'immobilisent) qu’il pouvait y en avoir entre les deux premiers opus de la formation. On retrouve donc sur le nouveau disque cette même pop accrocheuse, ce même goût pour le rock style Radiohead, ce même lyrisme dans la voix de Louis-Jean Cormier, cette même présence soutenue de la guitare et des claviers. Cette continuité est voulue et souhaitée par les membres du groupe et sert aujourd’hui de balise pour les fans, qui peuvent maintenant reconnaître le « son Karkwa ».

Ce troisième disque vient également consolider la place du groupe sur l’échiquier musical, faisant de Karkwa « LE » groupe de rock québécois au côté de Malajube. Deux styles complètement différents, certes, mais qui sont en même temps le résultat d’un travail professionnel et d’une passion hors du commun.

Le volume du vent
ne comporte aucune faiblesse. Les textes sont encore un peu « vaporeux » dans la forme, mais on ne peut dire qu’il s’agit d’un moins pour Louis-Jean Cormier. En fait, si on l’imbrique avec la texture musicale offerte par les musiciens, ça s’avère même être un plus. À chaque écoute, une parcelle des compositions, textes et musique, se dévoilent. Rapidement, vous conviendrez comme nous que Le volume du vent est jusqu’ici, le meilleur album de la cuvée 2008, sur le plan national ET international!

Pour entendre Karkwa: www.myspace.com

Pour lire notre entrevue avec le groupe: www.montrealexpress.ca

par Philippe Beauchemin le 9 avril 2008

Choix CD du ICI : Karkwa - Le volume du vent

Troisième chapitre qui se veut encore plus orchestral, Louis-Jean Cormier, l'auteur de textes elliptiques voire télégraphiques, et sa bande proposent un rock atmosphérique inouï ainsi qu'une texture sonore unique, dont on ne cesse de découvrir les différentes richesses au fil des écoutes.

Des effluves minimalistes au buzz «pinkfloydien», on y retrouve des climats à la fois glauques et ultrasensibles qui traitent d'urbanité et de conciliation amour/travail, où s'enchaînent les accords harmoniques et les crescendos.

Cet album créé par de véritables fanas de musique, dont les invités Patrick Watson et Olivier Langevin, possède une âme.

Avec l'omniprésence du vent recréé par des voix de plusieurs octaves juxtaposées, qui englobent le tout comme s'il s'agissait d'un malin farfadet, Le volume du vent sera assurément propulsé hors de nos frontières et permet déjà à Karkwa de rejoindre Octobre, Offenbach et autres Colocs au panthéon des groupes kèbes.

Lancement réjouissant de Volume du vent

Photo: Valérie Jodoin-Keaton

Soirée de réjouissance pour bien des mélomanes, hier soir à l'Olympia. L'un des plus beaux talents du nouveau rock québécois, Karkwa, lançait officiellement le troisième album de sa carrière, Le Volume du vent.

Ils étaient effectivement nombreux à attendre avec impatience cette sortie, alors que la salle de spectacles de la rue Sainte-Catherine a été prise d'assaut par près de 800 personnes, dont de nombreux amis et artistes. L'ambiance était on ne peut plus survoltée lorsqu'est venu le temps d'accueillir le quintette montréalais.

Louis-Jean Cormier (guitare et voix), François Lafontaine (claviers), Martin Lamontagne (basse), Stéphane Bergeron (batterie) et Julien Sagot (percussions) sont montés sur scène peu avant 18 h.

Ils ont interprété avec leur doigté habituel cinq chansons de leur nouvel album, Le Compteur, Échapper au sort (le premier extrait radiophonique du disque), Oublie pas, Combien et La Façade. Un échantillon du nouveau disque qui n'a fait que convaincre les gens présents que Karkwa poursuit son évolution musicale sans désorienter ses fans.

Groupe phare

Karkwa a vu le jour en 1998 et a fait tourner bien des têtes l'année suivante, lors de sa participation à Cégeps à spectacle. Le groupe a poursuivi sur sa lancée en 2001 alors qu'il a atteint les finales des Francouvertes. Le Volume du vent est son troisième disque, après Le Pensionnat des établis (2003) et Les tremblements s'immobilisent (2005), qui a véritablement propulsé le groupe au rang de groupe phare du rock québécois.

Cet album, sur lequel la formation définissait véritablement son style, s'est vendu à 15 000 exemplaires, en plus de permettre à Karkwa de recevoir le Félix Auteur ou compositeur de l'année lors du gala de l'ADISQ en 2006.

Philippe Renault /Le Journal de Montréal /03-04-2008

5 questions à...Karkwa

À peine sortait-il sur nos rayons mardi dernier que Le volume du vent, troisième album du groupe Karkwa, récoltait déjà éloges et honneurs sur la place publique. Il ne faudra sûrement pas bien longtemps avant que l'opinion du public et le palmarès des ventes ne suivent les traces de ce fulgurant succès critique. De " meilleur groupe de la relève ", le quintette passe au qualificatif de " meilleur groupe montréalais de l'heure " au sein des acteurs de l'industrie musicale québécoise.

C'est par Les tremblements s'immobilisent que la formation francophone s'est véritablement dévoilée au grand public; ce deuxième album pour le groupe a été en quelque sorte celui qui les engagea enfin sur leur voie, musicalement parlant, mais également sur " leur voie du succès ". Karkwa a ainsi remporté le prix Félix-Leclerc aux FrancoFolies de 2006, un Félix pour l'auteur-compositeur de l'année partagé ex aequo avec nul autre que Pierre Lapointe, et le groupe tâte déjà du terrain en France. Il est même probable que Le volume du vent couve déjà lui-même quelques prix honorifiques et rejoindra son grand frère sur le Vieux Continent, avec ses sonorités peaufinées et ses ambiances finement construites, ses harmonies vocales souvent planantes, ses arrangements étoffés, ses textes imagés, et ses fructueuses collaborations avec quelques artistes invités tels Patrick Watson, Olivier Langevin ou encore Élizabeth Powell de Land of Talk. Rencontre avec le chanteur guitariste et auteur Louis-Jean Cormier, le claviériste et compositeur François Lafontaine et le batteur Stéphane Bergeron, dans leur local de pratique de la rue Iberville.

Vous étiez d'abord les favoris de la scène montréalaise, dite alternative, et des postes de radio plus en marge. Maintenant qu'on vous entend sur les radios commerciales et que vous vous retrouvez en nomination au Gala de l'ADISQ, êtes-vous un peu boudés par le milieu " alternatif "?


François Lafontaine
: Je crois que ce n'est pas vraiment arrivé, à part des petits commentaires... On saute sur toutes les occasions. Et on fait encore bien des petites salles, et des petites villes, et on aime participer à des trucs plus alternatifs.

Louis-Jean-Cormier
: Mais c'est vrai que ce genre de chose peut arriver, ce que je trouve bien plate. Le Québec, c'est tellement un petit milieu qu'on n'est pas pour commencer à se fermer des portes en se disant : Nous allons boycotter tel gros gala parce que nous sommes underground... On n'a pas changé pour autant.

Stéphane Bergeron
: Je trouve qu'un moment donné, tout ça éclipse un peu le contenu musical. À la base, si la musique est bonne, que tu aimes ça, tu ne te poses pas ces questions-là. La musique d'Arcade Fire a joué dans toutes les radios underground de Montréal, puis partout dans le monde, et ça tournait aussi à des postes comme CKMF et c'est bien : pourquoi ne pas faire découvrir cette musique-là à un autre public? Un moment donné, ça ressemble juste à du " niaisage " tout ça...

Vous êtes maintenant avec la maison de disque Audigram, qui a produit Le volume du vent, alors que vous aviez produit vous-mêmes Les tremblements s'immobilisent et votre premier album Le pensionnat des établis. Y avait-il une crainte de perdre ainsi une certaine liberté?


L-J.C :
Les gens d'Audiogram nous donnent vraiment carte blanche. Étant produits par eux, nous avions encore plus d'espace dans le cerveau pour travailler, pour faire juste de la musique. Côté artistique, ils nous font vraiment confiance, on fait ce qu'on veut. On aurait pu arriver avec un album genre musique actuelle-trash-complexe et ils nous auraient acceptés!

S.B.
: La croyance populaire c'est : tu arrives dans une grosse maison de disque, tu n'es plus indépendant, et tu vas perdre ton contrôle artistique. Mais ce contrat-là, ça nous donnait l'occasion d'avoir moins de stress. Tu veux faire venir un quatuor à cordes, tu les fais venir, et tu enregistres : c'est simple.

L-J.C.
: Ce disque-là a coûté le même prix que Les tremblements..., mais c'était moins de gestion pour nous. Il y a une structure organisationnelle chez Audiogram qui est confortable et c'est pour ça qu'on est là.

Vous dites être influencés par le cinéma, par certains cinéastes comme Werner Herzog, les frères Coen, Claude Jutra, Fellini...


F.L.
: Ce sont deux univers qui se rejoignent pas mal je trouve, le cinéma et la musique. Pour composer ou pour arranger de la musique, je trouve que le cinéma m'inspire autant que la musique qu'on écoute... Ça suggère quelque chose...

L-J.C.
: Surtout pour l'écriture. Souvent, quand j'écris les textes, c'est le cinéma qui va m'influencer. Et je trouve qu'une bonne chanson, c'est une chanson simple qui parle avec des images fortes...

F.L.
: Et c'est un peu ça Karkwa, on essaie tout le temps que ça crée une image dans la tête, sans l'imposer non plus. Que ce soit malléable pour que tu puisses découvrir quelque chose chaque fois. D'ailleurs, la musique de film, c'est quelque chose qu'on aimerait vraiment faire un jour!

Certaines de vos chansons abordent des réalités sociales, comme votre premier extrait, Échapper au sort, qui évoque l'histoire d'un homme de la rue finissant ses jours dans un banc de neige. Y voyez-vous une forme d'engagement social?


L-J.C
: On ne veut pas avoir cette prétention-là. On ne veut pas prétendre être engagés, dans le sens où on va décrire une situation, mais on n'ira pas crier haut et fort et proclamer contre le gouvernement... Je trouve que juste d'écrire qu'il y a encore des jeunes de nos jours qui ont une enfance pas facile, qui vont parfois se retrouver à vivre dans la rue et aller peut-être mourir dans un banc de neige, juste de décrire ça, je trouve que ça suggère, sans imposer.

S.B.
: C'est juste du gros bon sens un moment donné : ce n'est pas rattaché à une cause précise... Je veux dire, on va sur la Lune et il y a encore des usines où il y a des enfants qui font des T-shirts. Ça fait longtemps qu'on a l'électricité et le chauffage, mais il est quand même là, mort dans un banc de neige...On est évolués et pas évolués en même temps.

L-J.C.
: Des fois, on se sent interpellés par un sujet qu'il est important de traiter et moi, je trouve ça important de prendre position en dehors de la musique. Oui, on a une tribune, oui, on fait des shows, on s'adresse à beaucoup de monde... On va aller faire un show, par exemple, comme l'année passée, pour inciter les jeunes à prendre position et aller voter, on a fait une tournée pour ça avec la FEUQ, et ça, c'est prendre position. Je trouve qu'il y a du monde, comme Loco Locass, qui eux ont vraiment un bagage pour en traiter dans leur chanson.

Les tremblements s'immobilisent a été lancé en France, en novembre dernier, après que vous y ayez fait quelques prestations. Comment s'enligne votre carrière là-bas? Qu'elle est votre ambition pour le groupe?


L-J.C
: On a vraiment l'ambition d'en vivre et de bien en vivre. Ça a toujours été un peu ça notre but : réussir à vivre de notre musique. Là, on fait ce qu'on veut; c'est de la belle survie! On est tous un peu cassés, mais on fait juste ça et on en est super heureux. Je pense que la vraie ambition se serait de jouer partout sur la planète. En France, on est encore en développement là-bas. Mais chaque fois qu'on y va, il y a de plus en plus de monde. J'ai hâte d'y retourner parce qu'on n'est pas allés depuis le lancement de l'album. Ce qui nous a beaucoup aidés, c'est la tournée qu'on a fait là-bas en première partie des Cowboys Fringants. C'était tout le temps des salles de 1500 personnes à peu près, remplies! C'est fou de voir comment les Cowboys ont développé leur public en France! On les a remerciés en les envoyant à une partie de hockey là-bas! Après ça, on s'est dits qu'on devrait faire plusieurs premières parties comme ça, ce qui nous ferait ratisser rapidement le territoire, et faire connaître Karkwa comme ça.

DU TAC AU TAC


Un bon conseil?


Ne vous assoyez pas sur votre talent!

Un film?


Il était une fois dans l'Ouest (Sergio Leone, 1969), chef-d'œuvre cinématographique... Il y a aussi les Monthy Python, Les frères Coen...

Un héros?


Notre gérant!

Un mot de la langue française?


Champlure, on parle souvent de robinet, mais pas vraiment de champlure... Frimas aussi, qui est un titre sur l'album...

Un plaisir coupable que vous partagez?


Le backgammon... En tournée, on prend aussi plaisir à écouter la chanson Cœur de Loup, de Philippe Lafontaine!

PASCALE GAUTHIER

À côté de la track : Un premier album pour David Marin

Avec son premier Album À côté de la track sorti il y a quelques semaines et unanimement salué par la critique, autant pour la profondeur des textes que pour la mélodie, David Marin (lauréat du concours Ma première Place des Arts en 2004 et finaliste aux Francouvertes de 2006) vient de faire une entrée fracassante dans le milieu musical.

© Photo Courtoisie

Il a mis cinq ans à concocter ce premier opus, ce qui peut paraître long, mais ce fut nécessaire, estime l’artiste de 33 ans : « Cet album aurait pu sortir il y a deux ans, mais ce ne serait pas les mêmes chansons. En fin de compte, il faut suffisamment de chansons pour garder les meilleures et offrir un produit qui tienne la route. Il était important pour moi de ne pas rater cette première coche », explique l’artiste.

Bien entouré


David Marin
a peaufiné cet album dans les moindres détails en s’entourant aussi de musiciens talentueux comme Louis-Jean Cormier (chanteur et guitariste de Karkwa), François Lafontaine (claviériste de Karkwa), Robbie Kuster (batteur de Patrick Watson) et le bassiste Mario Légaré qui a travaillé aux côtés de Michel Rivard, Paul Piché ou encore Lhassa De Sela.

« J’ai rencontré Louis-Jean Cormier en 2004 lors de l’événement Le grand 8. Lorsque j’ai fait la démarche pour obtenir un financement, c’est la première personne que j’ai contactée. Il a été tout de suite emballé par mon projet », raconte David Marin bien conscient de la qualité des musiciens qui l’accompagnent. « Outre le fait qu’ils soient talentueux, ce sont surtout des artistes généreux dans leur créativité et nous avons la même philosophie de travail. Je ne suis pas arrivé en disant je veux ça, j’ai laissé beaucoup d’espace à chaque musicien. Chacun avait son terrain de jeu et ce fut stimulant pour tout le monde », explique-t-il.

Album peaufiné


C’est par choix que David Marin a entièrement financé ce premier album. Parce qu’il considère qu’un artiste ne peut qu’enrichir son expérience en s’impliquant dans la production d’un album ou toute autre tâche connexe. Et ce n’est pas parce qu’il l’a entièrement produit « qu’il s’agit d’un album à rabais », insiste David Marin. « Nous avons enregistré dans des studios professionnels et sans lésiner sur les moyens techniques. Il a juste fallu mieux gérer notre temps, car nous ne pouvions pas rester plus de trois mois en studio. Je suis content de l’avoir produit. L’accueil du public prouve que nous avons bien travaillé et que j’ai bien fait de choisir cette avenue », précise M. Marin.

David Marin
sait où il va. Il a décidé de se lancer dans la musique lorsqu’il est devenu papa à 26 ans en se donnant de cinq à six ans pour se faire un nom d’auteur-compositeur après avoir flirté avec plusieurs petits boulots et le métier de journaliste. Outre le côté rafraîchissant de sa musique, David Marin manie la plume avec habileté s’autorisant parfois quelques jeux de mots bien sentis qui ne sont pas là juste pour la rime. Lorsqu’on lui demande si ses textes sont autobiographiques, il avoue qu’il y a effectivement des « petites bulles personnelles » dans ce travail, bien que ce n’était pas voulu au départ : « En écrivant ces textes, je me suis mis dans la peau de quelqu’un d’autre. Un peu celle d’un solitaire qui se retrouve dans un boulot qui ne lui convient pas et qui pète sa coche ». Et David Marin tient mordicus à cette position d’observateur privilégié : « Ça fait partie de mon travail d’auteur de regarder le train passer. J’écoute beaucoup ce que les gens disent autour de moi. »

Après ce premier examen réussi, David Marin espère maintenant exprimer son talent sur scène.

Reine-May Crescence 02-04-2008

Critique : Karkwa - Le Volume du Vent

Je n’ai pas écouté l’album précédent, «Les Tremblements s’Immobilisent», et j’ai longtemps eu l’impression d’avoir manqué le bateau. Tous mes amis avares d’émergence m’ont longtemps fait regretter cette ignorance en me martelant d’éloges envers la bande de Karkwa. À vouloir rattraper le temps, je me suis ajusté au volume du vent en écoutant le nouvel opus. À première écoute, on constate rapidement que les cinq musiciens ont plusieurs cordes à leur arc, et sûrement encore un bon paquet de flèches dans leur carquois.

D’une pop accessible à un rock planant, l’univers de Karkwa est toujours riche en sonorités. Les paroles sont murmurées, parfois frêles, un peu comme du Malajube mieux écrit. En effet, la plume de Louis-Jean Cormier, chanteur et guitariste, est honnête et se laisse bercer admirablement bien sur l’ensemble des musiques. Aussi, dites-moi si je suis fou, j’ai noté quelques analogies avec Radiohead quant au mood général. Toutefois, en tentant réellement de qualifier le son du quintet avec justesse, j’ai trouvé une bonne formule : Karkwa fait de la musique qui suscite des réactions dans l’entourage. «C’est quoi qui joue… c’est bon!», diront les auditeurs ambiants.

Parmi les très bonnes chansons, on compte «Le Compteur» qui ouvre l’album avec beaucoup de punch. Le premier extrait «Échapper au Sort» ne laisse pas indifférent non plus, en ce sens qu’il représente bien l’idée de l’album. Mais les meilleures se retrouvent respectivement en quatrième et en neuvième piste. «Oublie Pas» et «Combien» charment toutes deux avec leur ligne mélodique plus posée et des choeurs très à point. D’autre part, «À la Chaîne» vient clore le projet parfaitement avec plus d’urgence que de calme, ainsi qu’un rythme décousu et saccadé qui détonne.

Et comme si ce n’était pas déjà assez, on nous gâte avec quelques collaborations de la trempe de Patrick Watson. De plus, le CD est opendisc, ce qui vous permet de bénéficier d’un lecteur audio aux couleurs du groupe en plus d’avoir accès à plusieurs bonis à la suite d’une simple inscription.

Article publié le 2 avril 2008 à 10:37 par Pierre-Luc Gagnon

Aller plus loin

Karkwa – Le volume du vent

Le volume du vent est le troisième album de la formation Karkwa.

Composé et conceptualisé suite au succès critique et commercial (15 000 exemplaires vendus) de leur deuxième opus, Les tremblements s’immobilisent, ce nouveau disque amène la musique du quintette plus loin.

D’entrée de jeu, je dois détruire le mythe qui vit depuis les débuts du groupe: Karkwa ressemble peu à Radiohead.

Oui, certains points communs unissent les deux groupes – le goût de l’expérimentation, les mélodies tortueuses, les mesures composées et les ambiances sonores – mais c’est tout. Là où le groupe anglais est froid et glauque, les Québécois sont lucides et conscients du monde qui les entoure et pourtant porteurs d’espoirs. Et la musique de Karkwa est beaucoup plus organique que les derniers efforts du groupe d’Oxford.

Le compteur ouvre le bal, avec percussions subtiles et piano fin, avant la salve annonciatrice, lancée par le groupe en entier. Dès la première minute, le ton est donné: la ride sera pleine de surprises.

Pendant les treize pièces, l’auditeur est bousculé, de plusieurs manières. Par les sujets, les détours musicaux, le contraste entre les sonorités, de sèches et in your face à planantes. Et c’est comme ça jusqu’à la finale d’À la chaîne, où une chorale d’enfants martèle ses harmonies sur fond de guitares acérées, terminant le disque sur une note équivoque, où la pureté de demain marche main dans la main avec la laideur d’aujourd’hui.

Musique urbaine et organique, Le volume du vent instaure un état de tension du début à la fin. La facture sonore, les arrangements, les textes et l’énergie nerveuse des musiciens contribuent à cette ambiance. Même la lumineuse Oublie pas est baignée de ce mal d’être, malgré les propos qui y sont tenus. S’il me fallait parier sur un extrait fédérateur, c’est celui-là qui aurait ma confiance…

Il est utile de le répéter, les gars de Karkwa sont des virtuoses. Heureusement pour nous, le trip d’égo n’est pas dans leurs priorités et chaque note est soigneusement choisie pour servir la chanson et non pour jouer de la vanité.

Seule ombre au tableau: le traitement des voix. L’effet Malajube, où la voix est considérée tel un instrument, est agaçant. Les mélodies, efficaces, s’effacent un peu et on perd le texte. Ceux signés Cormier, tous excepté Le Solstice, sont ambigus sans être alambiqués. Chacun y trouvera une explication satisfaisante, selon le niveau de lecture.

Moins rock que leur réputation ne laisse croire – la distortion est souvent laissée au rancart – Karkwa a ficelé un disque complet, intelligent, qui saura plaire autant aux fans de musique touffue et complexe qu’aux amateurs de bonnes chansons.

Un défi difficile à accomplir, qui laisse souvent un des deux camps déçu.

Frédéric Mailloux 01-04-2008

Karkwa: envolées lyriques

Le 2e album du groupe, Les tremblements s'immobilisent, avait été salué bien bas par les amateurs de musique. Dans la foulée, Karkwa a aussi été récompensé par ses pairs en partageant le Félix de l'auteur-compositeur de l'année avec Pierre Lapointe.

À cause de cet impact, le présent disque était fort attendu. Or, en poursuivant dans la brèche ouverte deux ans et demi plus tôt, le quatuor confirme sa valeur.

Souffle la voix


On reconnaît sur Le volume du vent ce rock aux envolées lyriques qui peut faire cohabiter dans le même morceau une bourrasque qui décoiffe et une accalmie rassurante. La voix de l'auteur-compositeur principal du groupe, Louis-Jean Cormier, s'impose toujours lorsqu'un mur de son s'élève derrière lui.

D'ailleurs, les voix occupent une place de choix dans ce disque: celles en contrepoint d'Élisabeth Powell (Échapper au sort) ou de Marie-Pierre Fournier (Oublie pas), mais aussi toutes les autres qui viennent faire chorus et donner de la majesté à La façade, entre autres. Sur À la chaîne, les élèves de l'école Saint-Arsène ajoutent leurs voix au rythme très rock de la batterie.

Partout la musique


Sur ce disque, la musique est tapie dans la moindre encoignure des 13 chansons. Des écoutes successives nous font découvrir ces subtilités. En fait, Karkwa dresse une voile sonore sur laquelle les mots de Louis-Jean Cormier viennent se cogner.

En ce sens, dans bien des cas, la musique constitue la trame narrative autant, sinon plus, que les mots. C'est elle qui transmet les émotions: la rage contenue, l'espoir déçu ou le temps perdu. Karkwa défend un rock travaillé au corps qui ne se résume pas à une force brute. Comme d'un boxeur, on peut dire que les membres du groupe privilégient un rock scientifique utilisant une variété de bons coups.

Références solides


Les amateurs d'un rock sophistiqué vont donc se régaler. Malgré son accueil chaleureux, l'album précédent n'a pas été un énorme succès populaire. Il en sera probablement de même cette fois-ci. Malgré leurs influences apparentes, Karkwa fait sa marque sur une voie artistique négligée - même si de moins en moins - en chanson francophone.

Hier, le groupe Octobre entonnait « le vent se lève »; aujourd'hui, Karkwa chante « le volume du vent ». Le quatuor s'inscrit ainsi à la fois dans une certaine tradition québécoise et dans la modernité du rock actuel.

Karkwa / Le volume du vent / Audiogram ADCD 10224

Plus d'info :

Audio et Vidéo : RDI en direct: Louis Lemieux reçoit Louis-Jean Cormier et François Lafontaine, de Karkwa


Autres hyperliens : Karkwa


Une critique de François Blain / Radio Canada

Karkwa: l'étoffe des plus grands

Louis-Jean Cormier (au centre, à l’extrême gauche). À l’arrière, de gauche à droite: Stéphane Bergeron (batterie) et Martin Lamontagne (basse). À l’avant, de gauche à droite: François Lafontaine (piano, claviers, etc.) et Julien Sagot (percussions, vibraphone, glockenspiel).

Photo Robert Mailloux, La Presse


Karkwa figure déjà parmi les meilleurs groupes rock d'ici. Avec Le volume du vent, un disque plus orchestré et plus raffiné que tout ce qu'il a pu enregistrer avant, il fait un autre pas de géant. Visite dans le repaire d'un quintette capable d'être bruyant, mais qui sait surtout être brillant.

Planté derrière une caisse enregistreuse ou devant un écran d'ordinateur, on s'imagine facilement que la meilleure façon d'échapper à la routine, c'est de faire partie d'un groupe de rock. Imaginez: pas de patron dans le dos, grasses matinées garanties, excès de toutes sortes considérés comme des avantages sociaux non imposables. «La musique, c'est la dernière grande liberté qu'il nous reste», a déjà affirmé Roger Daltrey, des Who, qui sait ce que c'est qu'une vie coulée dans le rock.

L'antidote rêvé à la routine, la vie de rockeur? Pas si vite. La vie de tournée, perçue comme l'ultime bastion de liberté, est paradoxalement le moment où la vie du musicien peut ressembler à un job. Départ à telle heure. L'incontournable balance de son. Oui, on commence encore par la batterie. Et au moment du spectacle, l'ordre des chansons est souvent le même que la veille. Et que la semaine d'avant...

Elle est où, alors, la liberté du rockeur? Dans son local de répétition. L'antre où il tâte, taponne, trifouille et tergiverse jusqu'à ce qu'il trouve un bon filon. Le local, c'est un lieu presque intime, fréquenté seulement par les musiciens et leur entourage, dont l'emplacement est rarement connu des fans. Ce mystère constitue également une police d'assurance gratuite contre les cambriolages. On ne change pas de guitare comme on change de télé.

Karkwa tient à exploiter au maximum son espace de liberté. On ne parle pas de gérer des pieds carrés - son local de répétition de la rue d'Iberville est encombré d'instruments, d'amplis et de moniteurs -, mais d'exploiter à fond sa créativité. «Chaque fois qu'on finit un disque, j'ai l'impression qu'il est trop pop», confie Louis-Jean Cormier, chanteur et guitariste du groupe. Le volume du vent, à paraître mardi, ne fait pas exception à la règle. Même après des mois de travail et de réflexion, il n'a pu s'empêcher de se demander: «Est-ce qu'on est allés assez loin? Est-ce qu'on aurait dû faire plus de trucs fuckés?»


Du cégep à Austin, Texas


On peut penser bien des choses du groupe complété par François Lafontaine (claviers, piano), Stéphane Bergeron (batterie), Martin Lamontagne (basse) et Julien Sagot (percussions, glockenspiel). Que Karkwa est un nom bien curieux, d'abord. Que le son éparpillé de son premier disque ne laissait pas vraiment présager les déflagrations rock à venir. Que l'influence de Radiohead transparaît un peu trop ici et là sur Les tremblements s'immobilisent. Mais trop pop? Ce n'est pas exactement ce qui vient en tête lorsqu'on se frotte les oreilles à ses chansons.

Karkwa, sorti de l'ombre en 1998 à la faveur du concours Cégeps en spectacle, n'a jamais flirté avec le rock formaté prisé par les radios commerciales. Le pensionnat des établis, paru en 2003, faisait flèche de tout bois et amalgamait des éléments de jazz, de funk et de rock. Aussi ambitieux, Les tremblements s'immobilisent, sorti en novembre 2005, est résolument plus rock. Le décalage entre les deux premiers albums de Karkwa ne pourrait être plus grand. Même après tout ce temps, on a encore du mal à se convaincre que l'ample ballade rock M'empêcher de sortir est l'oeuvre du groupe qui a enregistré le refrain guilleret de Tableau africain.

En plus de valoir au groupe un Félix (ex aequo avec Pierre Lapointe) et un prix Félix-Leclerc, Les tremblements s'immobilisent lui a permis de s'illustrer à l'étranger. Karkwa, qui avait déjà traversé l'Atlantique pour enregistrer une chanson avec Brigitte Fontaine (Red Light), a présenté plusieurs spectacles en France et fait aussi partie des rares groupes francophones d'ici à avoir participé au South By Southwest, le supermarché du rock qui se tient chaque mois de mars à Austin, au Texas.

«L'espèce de buzz qu'il y a autour de la musique montréalaise, c'est vrai, témoigne Louis-Jean Cormier. Il y a des gens qui viennent te voir parce que tu viens de Montréal. Et là, la barrière de la langue prend le bord.» Karkwa ne rêve pas naïvement de percer aux États-Unis, mais pas question de lever le nez sur ce genre d'invitation, d'autant plus qu'une foule de programmateurs de festivals européens font aussi le voyage. «On ne prétend pas qu'on va conquérir le monde, mais on ne va pas dire non plus qu'on ne veut jouer qu'au Québec», souligne Julien Sagot.


Boucler la boucle


Louis-Jean Cormier parle de «quête d'identité», en évoquant l'éparpillement du Pensionnat des établis. Cinq ans plus tard, Karkwa s'est trouvé. Le volume du vent ne marque pas une rupture avec l'album précédent. Parlons plutôt de continuité. «Sur Les tremblement s'immobilisent, on avait commencé quelque chose sans aller au bout de notre idée, estime le chanteur. C'est un super album et je le trouve bien ramassé, mais on avait envie d'aller plus loin dans cette espèce de buzz orchestral. De rajouter, de traiter les voix, de rajouter des choeurs.

«On sentait le besoin de boucler la boucle. De confirmer ce qu'on était en train de faire, sans rester au même stade», poursuit-il. Assis par terre ou sur des amplis, les autres acquiescent en silence. Puis, François Lafontaine, l'autre compositeur du groupe, ajoute: «Après coup, je me rends compte qu'on voulait prendre conscience des instruments dont on joue et voir ce qu'ils pourraient faire d'autre que ce qu'ils font normalement.»

Ni Karkwa ni aucun de ses contemporains québécois n'a jamais enregistré un album d'une telle envergure. Les orchestrations les plus expérimentales s'imbriquent parfaitement dans des chansons qui demeurent des chansons, justement. Le piano souvent minimaliste et évanescent de François Lafontaine apparaît et disparaît avec à propos. Son génie, c'est justement d'être discret. Et ce n'est qu'un exemple du raffinement du Volume du vent.

«Ce qu'on veut, c'est créer une espèce d'univers, une image suggestive», dit encore François Lafontaine. Karkwa ne fait pas un rock accrocheur au sens strict du terme. Les lignes mélodiques et les refrains relèvent rarement de l'évidence. Ce qui n'enlève rien à son magnétisme. Plus on écoute Le volume du vent, plus on prend conscience d'une chose rare: on perçoit clairement le discours de chacun des musiciens, qui ont tous l'espace nécessaire pour s'exprimer.

«Du moment que tu amènes une chanson dans le local, tu peux être sûr et certain qu'elle va changer. Elle ne sonnera jamais comme ce que tu avais en tête au départ. Et c'est ça qui est cool, dit-il avec enthousiasme. C'est pour ça qu'on travaille ensemble, pour avoir cinq points de vue qui poussent une chanson à son maximum.»

«Il faut aller au bout de l'idée de la personne qui amène le riff, poursuit le bassiste, Martin Lamontagne. Même si moi, à la première écoute, ça ne me tente pas, il faut le mener au bout, se faire confiance.» Le plus difficile, selon Stéphane Bergeron, c'est de trouver sa place dans les chansons les plus simples. Karkwa, sans être un groupe particulièrement économe, tient à ce que rien dans le son n'ait l'air plaqué ou gratuit.


Le compteur tourne


L'image qui s'impose quand on a ces cinq gars devant soi, c'est celle d'un groupe réfléchi. D'un groupe mûr. Le questionnement placé au coeur du Volume du vent est précisément celui du temps qui passe et son corollaire, le vieillissement. «Je sens que le temps passe sur ce qui m'entoure / Plus que sur moi-même», chante Louis-Jean Cormier, dans Le compteur, mettant au jour un drôle de paradoxe. «On prend conscience de son propre vieillissement par les autres. On regarde notre entourage et on trouve qu'untel ou untel a vieilli. Et on se rend compte que s'ils vieillissent, on n'a pas forcément rajeuni!» rigole François Lafontaine.

Or, vieillir pour un groupe de rock, ce n'est pas toujours facile. Passé un certain âge, il y a des artistes qui délaissent le rock pour une forme musicale moins agressive - Fersen a déjà fait du punk. Ceux qui décident de poursuivre l'aventure deviennent parfois des caricatures d'eux-mêmes (on salue les Rolling Stones) ou se font reprocher par leurs fans de faire trop de ballades (U2, par exemple).

Les gars de Karkwa n'ont pas la moitié de l'âge moyen des membres des Stones. Ils ont aussi le «feeling de rester jeunes», parce qu'ils font du rock. Leur musique témoigne cependant clairement d'une certaine maturité. «L'envie que ça défonce, ça ne lâche pas», dit Louis-Jean Cormier. En vieillissant, ils ne se laissent plus guider simplement par leurs pulsions musicales. L'important, c'est de se mettre au service de la chanson, disent-ils.

«Mais là, j'ai un désir de rocker qui revient!» lance Louis-Jean Cormier, avec un sourire féroce. Son envie tombe à point. La vie supposément non routinière des rockeurs veut que, après la sortie d'un disque, vienne la tournée. Karkwa - et son chanteur - pourra se lâcher...

Alexandre Vigneault/La Presse

(Sur)Exposition musicale signée Karkwa

Les cinq membres du groupe Karkwa pratiquent dans leur petit local, situé sur la rue d’Iberville, à Montréal, préparant la ronde promotionnelle entourant la sortie de leur nouveau CD, Le volume du vent. (Photo: Éric Carrière)

Le local de pratique n’est pas le plus beau, ni le plus spacieux. Pour dire vrai, il est désuet et sans aucun intérêt particulier. Mal insonorisé, poussiéreux, mal situé... Mais cela ne dérange aucunement les gars de Karkwa, qui y ont passé deux mois à la fin de la dernière année pour préparer leur nouvel album et qui y sont toujours, pratiquant jour après jour avant la grande tournée de promotion qui s’amorcera sous peu.

Assis sur une caisse de son, un amplificateur ou un simple boîtier de guitare, les cinq membres du groupe prennent une pause, le temps de répondre à quelques-unes de nos questions.

Récipiendaire en 2006 du prix Félix-Leclerc et nommé meilleur auteur compositeur de cette année-là (ex aequo avec Pierre Lapointe), le groupe a passé la majeure partie de l’hiver bien au chaud dans le local de musique situé sur la rue d’Iberville. Il en ressort aujourd’hui avec Le volume du vent, un disque marqué par le temps.

« Le temps qui passe est un thème récurrent sur ce disque, explique le chanteur, Louis-Jean Cormier. J’imagine que c’est parce qu’on vieillit tous un peu et qu’on voit que tout autour va vite. Certains d’entre nous ont des enfants, d’autres une maison avec une hypothèque. Le feeling “bonhomme” nous envahit un peu plus tous les jours, mais en même temps, on reste des kids qui tripent musique depuis maintenant dix ans. »

Louis-Jean Cormier a signé tous les textes de ce nouvel opus. « J’ai commencé à écrire en tournée, l’an dernier. Je m’inspire de ce que je vois et perçois autour de moi, de ce qui me touche et touche les autres membres du groupe », explique-t-il.

Comme cette fois où, voyant une vedette « pas rapport » à la télévision, il se questionne sur la pertinence d’accorder du temps d’antenne ou de la publicité à un artiste qui n’a rien à promouvoir sauf peut-être sa propre personne.

« Je ne comprends pas cette surexposition de notre star système. On presse au maximum. C’est correct d’être présent dans les médias quand tu as quelque chose à dire au niveau artistique, mais quand tu n’as rien, pourquoi il faudrait qu’on parle encore et toujours de toi ? Souvent, j’ai l’impression que l’image passe avant l’art. »

Pourtant, n’a-t-on pas vu de nos propres yeux, en novembre 2006, le groupe jouer à l’émission populaire L’heure de gloire, animée par René Simard ? « Ce n’est pas pareil, se défend le claviériste, François Lafontaine. Nous avons été invités parce qu’on était de l’événement Sacré Talent!, organisé par Espace musique et qui donnait la chance à des artistes de la relève d’être vus à la télévision publique. De toute façon, nous n’avons absolument rien contre l’exposition de notre art, à la télévision, dans les magazines, partout. Tant que ça parle de notre musique et non pas de notre petit bonheur personnel, on n’a aucun problème à être vus. »

Stéphane Bergeron, batteur du groupe, ajoute : « On n’a pas les moyens de se fermer des portes au Québec. C’est un petit marché ici, alors on est prêts à être surexposés pendant un certain temps s’il le faut. De toute façon, quand tu es fier de ton art, tu veux toujours en parler. »

Karwka aux FrancoFolies ?

Préparant sa tournée pour l’automne, le groupe sera présent dans quelques festivals cet été, dont le spectacle de la Saint-Jean-Baptiste. Est-ce possible également de penser à Karkwa pour les FrancoFolies, présentées à la fin du mois de juillet ?

Après une brève hésitation, le batteur y va de cette réponse : « On est actuellement en pourparlers, mais il est évident qu’on aimerait beaucoup en faire partie. »

Rappelons que le groupe avait été l’une des têtes d’affiche des Francos l’an dernier, en y allant d’une série de trois spectacles-événements qui avaient marqué le festival musical.

« On a aussi une tournée en France à préparer, lance Louis-Jean Cormier. On y va à la mi-juin et on aimerait y retourner plus tard dans l’année. On aimerait aussi aller faire un tour dans différents pays de l’Europe de l’Est. On sent une ouverture de ce côté-là et je pense qu’on est prêts à tenter notre chance là-bas. En tout cas, ce serait une super expérience pour nous. »

Il ne faudra donc pas bouder notre plaisir de voir Karkwa un peu partout au cours des prochaines semaines, car il semble que le groupe sera de plus en plus appelé à jouer à l’extérieur du pays. Dommage pour nous, bravo pour eux!

On vous présente le nouvel album, Le volume du www.montrealexpress.ca

Pour des nouvelles de Karkwa: www.karkwa.com

par Philippe Beauchemin Montreal Express

Poussé par le vent

On quitte le local avec Stéphane Bergeron – en attendant que tous les membres de Karkwa s’y pointent – pour une courte promenade sous un vent glacial afin de prendre un café au coin. C’est dans le ton. Après tout, le nouveau disque du groupe se nomme Le Volume du vent.

Le batteur nous offre le réveil-matin. Gentil. Avant le coup de midi, artistes et chroniqueurs de musique sont toujours logés à la même enseigne.

«Je crois que j’ai dû dépenser 60$ de café par mois durant toute la production, note Bergeron. C’est plus qu’une facture mensuelle de téléphone.»

Le journaliste sourit. On revient vers le local où le chanteur et guitariste Louis-Jean Cormier, le pianiste François Lafontaine et le percussionniste Julien Sagot nous attendent.

Le bassiste Martin Lamontagne aura du retard. Tant qu’il est à temps pour la photo… Dans le vétuste mais vaste et très bien éclairé local de répétition de Karkwa – vous devriez voir le local armoire à balais de Malajube –, on ressent encore la vibration de la création. Le groupe en a passé des semaines à accoucher de son troisième disque, l’un des plus attendus de l’année.


Si Le Pensionnat des établis n’a guère fait de vagues en 2003, il a démontré l’inventivité du groupe né il y a dix ans cette année. Les tremblements s’immobilisent, sorti deux ans plus tard, a fait vibrer mélomanes et critiques.

LES PRIX

À preuve, ce disque écoulé à 15 000 exemplaires a permis au groupe d’obtenir le prestigieux prix Félix-Leclerc aux FrancoFolies et le Félix de l’auteur-compositeur et interprète en 2006. Pression?

«La pression, c’est plutôt fuck it, raille un brin Louis-Jean Cormier. Le fait d’avoir eu une belle réaction avec le deuxième album et d’avoir gagné des prix, ça nous a juste motivés à clencher et à écrire d’autres tounes. Ça, ça nous a influencés positivement, comme une bonne tape dans le dos. C’est comme: Continuez les gars. On a réalisé qu’on ne faisait pas ça pour rien, qu’on était sur la bonne voie.»

Le Volume du vent n’est certes pas une rupture avec Les tremblements s’immobilisent, mais une continuité évidente.

«Le travail pour l’album, c’est parfois abstrait, note Bergeron. À un moment… Oui, tu te retrouves en studio et c’est là que ça sort. Mais les premières ébauches de ce disque, elles ont été faites avant la tournée des Tremblements … On «tapait» Les tremblements…, alors qu’on jouait déjà des chansons qui figurent sur cet album.»

Rien de nouveau, en définitive, avec ce qu’on peut définir comme étant la méthode Karkwa, à savoir être un groupe en constante évolution.

ÉCOUTEZ DES EXTRAITS DE LE VOLUME DU VENT:

Échapper au sort

La façade


MOUVANCE

«Finalement, quand on finit un disque, il y comme une espèce de libération et on est déjà prêt à passer à autre chose, note Cormier. Là, ça clenche! On vient de sortir de studio et on a déjà plein de nouvelles tounes.» (Fou rire de toute la bande) Moins dense au plan sonore aux premières écoutes, Le Volume du vent est doté d’arrangements plus étoffés. Au point qu’on pourrait parler d’album concept.

«On met plus souvent des mots sur la musique que l’inverse. C’est souvent la musique qui propose un sujet», note Cormier

«Mais en même temps, c’est pas tant qu’il a un concept plutôt qu’une direction, renchérit Lafontaine. On ne se dit pas: On va faire un album concept, pas plus qu’on l’a fait pour les albums précédents. Celui-là a un côté plus orchestral que sur Les tremblements On a poussé ça au max, mais Louis-Jean peaufiné ses textes plus que jamais.»

Les copains et les copines à bord

Pour Les tremblements s’immobilisent, Karkwa a eu droit à la collaboration de la légendaire Brigitte Fontaine. Cette fois, il y a encore des collègues au rendez-vous.

On comprend la présence de la bassiste Marie-Pierre Fournier, qui chante sur quatre titres. Après tout, n’est-elle pas la blonde de l’un des membres du groupe, qui se tord de rire quand le journaliste en fait la remarque? Mais il y a aussi Patrick Watson, Elisabeth Powell (Land of Talk), Olivier Langevin (Galaxie 500), etc.

«Certaines collaborations ont été naturelles», note Louis-Jean Cormier, en regardant François Lafontaine, plié en deux.

«D’autres étaient pensées depuis longtemps. C’était clair, net et précis depuis un an qu’Elisabeth Powell allait chanter dans Échapper au sort. Il fallait une voix de femme et ça allait être cette voix-là. Faire chanter des Anglais en français, c’est notre trip, et comme on est bons amis avec Pat Watson… Et Le Compteur, je trouve que c’est très «Pat Watson ».

«Même chose pour Dormir le jour avec Olivier, note Lafontaine. On savait qu’il allait avoir du fun. C’est ce qui est bien avec les collabos. À un moment, tu réalises que ça prend ça pour telle chanson.»

«Et pour revenir à la blonde… – fou rire général –, poursuit Cormier, elle avait déjà chanté dans Les tremblements. C’est une voix extraordinaire qui va bien avec la mienne.»

Engagement social et musical

Au travers des textes et des musiques, il ressort des évidences de l’œuvre de Karkwa. Groupe bien de son temps, le band est réfléchi, engagé au plan social, mais pas revendicateur au plan politique.

Au même titre que la musique de Karkwa transporte l’auditeur sans l’agresser, Louis-Jean Cormier observe, scrute, mais ne juge pas.

«On a toujours été comme ça. Des fois, on se permet de déborder, mais ça reste de la suggestion, note Cormier. Notre but, c’est d’écrire et de décrire. On ne veut pas proclamer, protester des affaires… On n’a pas le bagage sociopolitique non plus pour aller défendre des trucs aux côtés de Loco Locass qui martèlent ça d’un doigté de chef.»

«On est des gens d’opinion, mais on n’est pas un band politique, assure Stéphane Bergeron. Ce qui ne veut pas dire qu’on est mous. Si quelque chose nous fait dire: Ça n’a pas de bon sens, on va le dire.»

En bref, la notion galvaudée de modèle de la société que les musiciens représentent aux yeux des Américains et des Canadiens de l’Ouest, les membres de Karkwa en prennent et en laissent.

«Ça a de l’importance, mais c’est du cas par cas, assure Cormier. On a la possibilité de s’adresser à plusieurs personnes et il faut le faire, mais ça ne me tente pas de m’embarquer dans toutes les luttes. On un engagement social dans les chansons. Le fait de faire de la musique, c’est une forme d’engagement. Faire dans la marge, tirebouchonner des chansons et chanter en français, c’est un engagement en soi.»

IMAGES FORTES

Des titres comme Mieux respirer, Le Temps mort et Combien ont plusieurs niveaux de lecture, ce qui est dans la manière de Cormier.

«Nous autres, on veut plus rester dans la suggestion d’images, comme des tableaux, ajoute-t-il. Je trouve qu’il y a une force dans la suggestion. Par exemple, Échapper au sort décrit des choses qui arrivent encore aux jeunes: être retrouvés morts, gelés, dans des bancs de neige. Au lieu de chialer et de demander ce que le gouvernement fait pour lutter contre ça, juste de décrire la situation, ça marque. Sur le disque, ça tourne beaucoup autour du stress, du travail, du milieu urbain. C’est ça les thématiques qui reviennent. Il y une ligne directrice assez forte, mais on n’a pas écrit de scénario.»

S’il y a des titres à plusieurs niveaux de lectures, il y en a qui sont rentre-dedans, comme La Façade et Le Volume du vent, qui se concluent avec des crescendos de piano.

«Je suis un gros buzzé de musique minimaliste, dit Lafontaine. Je voulais qu’on pousse ça, sans que ça vire trop King Crimson, sans que ça soit trop hypnotisant, comme Philippe Glass, où tu te sens parti après 15 minutes.»

KARKWA

  • Formation: 1998
  • Membres:
    –Stéphane Bergeron
    –Louis-Jean Cormier
    –François Lafontaine
    –Martin Lamontagne
    –Julien Sagot
  • Disques:
    –Le Pensionnat des établis (2003)
    –Les tremblements s’immobilisent (2005)
    –La Volume du vent (2008)
  • Sites Web:
    www.karkwa.com
    www.myspace.com/karkwa
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    Avertissement: Ce blog à pour but de regrouper et archiver les articles parus sur le net à propos de Karkwa. Il est fait par amitié pour les membres du groupe et leur entourage. Les liens vers les sites et articles d'origine sont faits, les auteurs sont cités lorsque possible. Si quiconque se sentait lésé dans ses droits, il n'aurait qu'a me contacter pour que je puisse remédier à la situation.