© Photo Reine-May Crescence/Canoë
Journée chargée pour les membres du groupe Karkwa qui étaient de passage à Québec aujourd’hui pour promouvoir leur plus récent album Le volume du vent dans les bacs des disquaires depuis le 1er avril. On les a surpris attablés autour d’une grande table d’un restaurant de la ville, prenant leur petit-déjeuner dans une ambiance décontractée, le sourire aux lèvres, l’air content. Karkwa peut laisser son stress au vestiaire, car l’accueil plutôt flatteur réservé à leur dernier opus augure de bons présages.
Univers organique
Le volume du vent fait la une de la presse culturelle et le groupe est considéré comme l’une des valeurs sûres de la musique pop-rock québécoise. Il est vrai que cet album qui arrive un peu plus de deux ans après Les tremblements s’immobilisent (2005) ne laisse pas indifférent parce qu’il est justement différent de ce qu’on qualifie de rock. On plonge avec bonheur dans l’univers expérimental et organique de Karkwa truffé de bruitages et de sons répétitifs, d’ambiance planante et vaporeuse, d’arrangements toujours aussi efficaces. Si les envolées rock de cet album paraissent moins lourdes que sur le précédent, «ce n’était pas voulu», exprime Louis-Jean Cormier, le guitariste et chanteur du groupe. «Notre musique est instinctive, elle correspond à l’ambiance dans laquelle on se trouvait à ce moment-là. On écoute beaucoup de folk américain, ça a dû nous inspirer», poursuit-il
Par contre, le minimalisme des textes, tous signés par Louis Jean Cormier (sauf Le Solstice, poème de Pierre Nepveu), est voulu. «Le défi est justement d’écrire des choses qui ne sont pas touffues pour laisser la place à la musique. On veut créer ou suggérer une atmosphère. Notre création est ancrée dans le présent et chaque chanson est laissée à l’imagination des musiciens. Le riff est là ainsi que la ligne directrice, mais chacun y apporte son idée. Tout le monde s’exprime et nous travaillons de manière spontanée», avoue François Lafontaine, le claviériste du groupe.
D’ailleurs, la rencontre avec les élèves de l’école Saint-Arsène qu’on entend sur la dernière chanson À la chaîne s’est faite spontanément. «Ce n’est pas une chorale professionnelle. Quand on a composé la chanson, l’idée était d’y rajouter une chorale. Il y avait une école juste à côté de chez Mathieu Parisien où on a mixé l’album. Le directeur a été d’accord pour qu’on enregistre avec les élèves dans le gymnase», raconte François Lafontaine.
Le présent et l’avenir
En plus de collectionner de nombreuses distinctions, dont les plus récents sont le prix Félix Leclerc 2006 remis dans le cadre des Francofolies de Montréal et le prix Dédé-Fortin 2007 décerné à des auteurs-compositeurs de la scène émergente, Karkwa trouve écho à l’étranger.
Le groupe a déjà donné plusieurs prestations en France, essentiellement dans des festivals en Bretagne, à Brest et sur la scène marginale. En faisant la première partie des Cow-boys Fringants qui cartonnent là-bas, ils avouent que les gars leur ont rendu un «sacré service», car l’objectif est de ratisser large même si le vaste marché français est difficile d’accès. «Le marché là-bas vit actuellement une grosse crise. Pour percer, il faut qu’on parle beaucoup de toi. Notre nom commence à se propager, c’est tout. Naïvement, nous irons là où on nous invite, car notre volonté est d’exporter notre musique», expliquent Louis-Jean Cormier, François Lafontaine et le batteur Stéphane Bergeron.
Ce n’est pas plus facile aux États-Unis. «Dans cet autre marché, c’est la barrière de la langue qui pose problème. Il faut s’associer à de gros groupes américains pour espérer faire de grosses soirées rock ou créer un buzz médiatique. Pour l’instant, nous faisons souvent des tournées dans les collèges et c’est super épuisant, mais nous y croyons», poursuivent les musiciens qui ne comptent plus les kilomètres avalés sur la 20 ou la 40 qu’ils ont emprunté à maintes reprises.
Est-ce qu’ils iraient pour autant chanter n’importe où, comme à la fête du Canada par exemple? «On peut aller jouer là tout en ayant des idées séparatistes. Chaque membre du groupe a sa propre conviction politique et on ne veut pas que cela empiète sur notre musique. Je ne sais pas par contre si on irait jouer à une fête organisée par la Chine. À la différence, le Canada n’est pas un pays qui maltraite les gens et on ne refusera pas une belle scène qui nous permette d’évoluer musicalement. C’est ce qui est le plus important. Par contre, on a fait des tournées dans les universités pour promouvoir le vote et inciter les jeunes à être de bons citoyens, ce qui n’est pas pareil. Nous ne sommes pas un groupe engagé comme tel, on s’engage dans des thématiques et on invite les gens à la réflexion à travers nos textes», précisent les musiciens.
Karkwa devrait se retrouver sur quelques scènes à Québec cet été, mais rien n’est confirmé. Les seules certitudes sont le Grand Théâtre en décembre et une tournée en France à la mi-juin et des spectacles du côté de la Gaspésie en août.
Reine-May Crescence 09-04-2008
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