Le volume du vent est le troisième album de la formation Karkwa.
Composé et conceptualisé suite au succès critique et commercial (15 000 exemplaires vendus) de leur deuxième opus, Les tremblements s’immobilisent, ce nouveau disque amène la musique du quintette plus loin.
D’entrée de jeu, je dois détruire le mythe qui vit depuis les débuts du groupe: Karkwa ressemble peu à Radiohead.
Oui, certains points communs unissent les deux groupes – le goût de l’expérimentation, les mélodies tortueuses, les mesures composées et les ambiances sonores – mais c’est tout. Là où le groupe anglais est froid et glauque, les Québécois sont lucides et conscients du monde qui les entoure et pourtant porteurs d’espoirs. Et la musique de Karkwa est beaucoup plus organique que les derniers efforts du groupe d’Oxford.
Le compteur ouvre le bal, avec percussions subtiles et piano fin, avant la salve annonciatrice, lancée par le groupe en entier. Dès la première minute, le ton est donné: la ride sera pleine de surprises.
Pendant les treize pièces, l’auditeur est bousculé, de plusieurs manières. Par les sujets, les détours musicaux, le contraste entre les sonorités, de sèches et in your face à planantes. Et c’est comme ça jusqu’à la finale d’À la chaîne, où une chorale d’enfants martèle ses harmonies sur fond de guitares acérées, terminant le disque sur une note équivoque, où la pureté de demain marche main dans la main avec la laideur d’aujourd’hui.
Musique urbaine et organique, Le volume du vent instaure un état de tension du début à la fin. La facture sonore, les arrangements, les textes et l’énergie nerveuse des musiciens contribuent à cette ambiance. Même la lumineuse Oublie pas est baignée de ce mal d’être, malgré les propos qui y sont tenus. S’il me fallait parier sur un extrait fédérateur, c’est celui-là qui aurait ma confiance…
Il est utile de le répéter, les gars de Karkwa sont des virtuoses. Heureusement pour nous, le trip d’égo n’est pas dans leurs priorités et chaque note est soigneusement choisie pour servir la chanson et non pour jouer de la vanité.
Seule ombre au tableau: le traitement des voix. L’effet Malajube, où la voix est considérée tel un instrument, est agaçant. Les mélodies, efficaces, s’effacent un peu et on perd le texte. Ceux signés Cormier, tous excepté Le Solstice, sont ambigus sans être alambiqués. Chacun y trouvera une explication satisfaisante, selon le niveau de lecture.
Moins rock que leur réputation ne laisse croire – la distortion est souvent laissée au rancart – Karkwa a ficelé un disque complet, intelligent, qui saura plaire autant aux fans de musique touffue et complexe qu’aux amateurs de bonnes chansons.
Un défi difficile à accomplir, qui laisse souvent un des deux camps déçu.
Frédéric Mailloux 01-04-2008
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