Elle s'appelait Marie-Pierre Fournier. Plusieurs amateurs l'avaient remarquée comme bassiste de Stefie Shock, de Michel Faubert ou d'Ariane Moffatt. Cette dernière lui avait laissé un peu d'espace récemment dans son spectacle pour qu'elle interprète quelques titres.
Marie-Pierre avait ajouté sa voix à celle de Louis-Jean Cormier sur quatre plages du Volume du vent de Karkwa. Depuis longtemps, il s'agit là de sa famille artistique. Avec Cormier et François Lafontaine, le claviériste de Karkwa et aussi compositeur de cinq musiques, elle a réalisé ce premier disque étonnamment riche. Elle s'appelle désormais Marie-Pierre Arthur.
Mon coeur en éventail
À cause de Pourquoi, le simple qui a précédé la parution du CD, on se disait que sa voix se mariait bien au country ou au folk. Un country ou un folk quand même dynamique. Avec Tout ça pour ça, la guitare pleure sérieusement et le banjo ne laisse pas de doute sur les racines et les champs d'intérêt de la nouvelle trentenaire.
À d'autres moments, le piano incisif de Lafontaine et la batterie percutante de Robbie Kuster nous amènent complètement ailleurs. Et sa voix suit les sonorités plus rock.
Comme Karkwa, elle joue sur les contrastes.
La rythmique s'adoucit, le clavier se fait délicat, avant une nouvelle montée d'adrénaline. Cela devient franchement touffu dans Sans mémoire et explosif dans la finale de Pas de courage.
Du sur mesure
Chaque nouvelle écoute permet de découvrir la finesse des arrangements au service de la mélodie. Cette façon d'habiller de manière originale une chanson s'observe également avec Qui sait? de Daniel Lavoie. Avec le morceau cosigné par Michel Rivard et Louis-Jean Cormier (Le vent prononce mon prénom), ce sont les deux seuls qui ne sont pas de la plume de Gaële.
Lauréate à Petite-Vallée et finaliste à Granby, cette chanteuse française, installée au Québec, a conjugué des textes autour des relations interpersonnelles troubles, faites de bonheur qui s'enfuit, de nuits étranges et de courant d'air qui rassure. Associée à cette écriture, Marie-Pierre Arthur la défend tout naturellement comme si elle lui avait été confectionnée sur mesure.
Même village
Le disque de Marie-Pierre Arthur représente une belle surprise. Certains y verront, par moment, une filiation avec Mara Tremblay. Le lien avec Karkwa est inévitable et la parenté aussi. Quoi de plus normal, quand on se côtoie depuis un certain temps dans le même village musical?
Par la même occasion, soulignons les aptitudes déjà reconnues des membres de Karkwa. Depuis quelques mois, les musiciens de la bande additionnent les bons coups. La formation était à la barre des Douze hommes rapaillés autour de Gaston Miron et aux commandes du premier disque de David Marin. Avec Marie-Pierre Arthur, ajoutons une autre médaille à la veste du groupe de l'année.
Marie-Pierre Arthur/Marie-Pierre Arthur/ Bonsound BONCD006
Autre hyperlien : Écoutez l'album de Marie-Pierre Arthur Radio-Canada Musique
Une critique de François Blain, le jeudi 26 février 2009
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