Q Auriez-vous été déçu de ne pas incarner Champlain?
R Oui, parce que j’aime beaucoup Québec. Je suis toujours ici malgré mes engagements professionnels. Ma mère est ici. Ça m’aurait fait de la peine même si on comprend qu’un autre peut-être choisi. Je suis assez content d’avoir
cette chance de proposer ma vision de Champlain.
Q Sans référence, justement, comment avez-vous abordé ce rôle, qui devient une création à part entière?
R Il y a des écrits, dont le magnifique livre sous la direction de Denis Vaugeois (et Raymonde Litalien) dont je me suis inspiré. On est parti de ça avec Simon Fortin pour créer : c’est de la variété, pas un spectacle historique. On fait comme s’il n’avait jamais quitté Québec et que du haut de sa statue, il a vu les bons et les mauvais coups de Québec. C’est un esprit qui survole le temps. Le spectacle raconte l’histoire en chansons et en poèmes. Comme le dit Simon Fortin, les grands historiens sont souvent les poètes et les chansonniers. On est peut-être plus représentatif de l’histoire que n’importe quel livre d’histoire.
Q Donc, vous avez mis votre grain de sel dans cette vision de Champlain?
R Oui, je tenais absolument à ce qu’il soit habillé en bleu. Tout le monde veut récupérer Champlain. Le Canada est né en 1867. Je suis désolé, ce n’est pas la naissance du Canada qu’on fête, mais la naissance de Québec et par le fait même du fait français en Amérique. C’est un spectacle à tendance nationaliste, évidemment. Quant à Champlain comme tel, je voulais lui donner un petit côté Cyrano de Bergerac, avec du panache et un front de bœuf. Il en fallait pour arriver ici.
Q Après tout ce travail de préparation, qu’est-ce que Yves Jacques a ressenti au moment où il a commencé à incarner Champlain?
R Je suis très heureux parce que j’avais peur qu’on ne puisse pas le jouer hier (jeudi), qui est jour pour jour le moment de la fondation. C’était pour moi une grande émotion. J’ai une vue imprenable du haut de mon perchoir, ce vertige se transforme en émotion. Les premiers mots sont magnifiques. Québec, ma belle, ma ville, ma douce…
Q Quel est le contact avec le public malgré l’imposant dispositif scénique?
R C’est une mouvance, c’est magnifique et très impressionnant. Les gens répondent bien. Même si on a fait notre générale devant public (en raison de la pluie). On a fait ça dans la joie. On a été retardés si longtemps que j’étais comme un étalon qui veut juste courir. Il n’avait plus rien à mon épreuve.
Q Résumer quatre siècles n’est pas évident, mais il n’y avait rien de contemporain comme, par exemple, du Jean Leloup, un gars de Québec?
R On fait les choix en fonction des artistes qu’on peut avoir. Or, après le fiasco du 31 décembre, il n’y a plus un artiste qui voulait participer à quoi que ce soit du 400e. Personne ne voulait faire le spectacle. On fait avec. Leloup était-il libre? Je n’étais pas dans le secret des dieux. La jeune génération était représentée par Karkwa et Ariane Moffatt. Mais on ne voulait pas tout raconter. C’était comme un grand poème sur Québec et l’histoire du Québec, sans toutefois tout raconter. Un beau clin d’œil!
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