Une horde de jeunes auteurs-compositeurs-interprètes québécois s'est imposée en France au cours des dernières années, remportant un succès critique en marge des palmarès, mais la scène montante française demeure un tantinet inconnue au Québec.
Sans remédier entièrement à cette asymétrie, les "Francos" de Montréal ont convié des artistes émergents des deux rives de l'Atlantique pour célébrer une 20e édition résolument tournée vers l'avenir.
Le nouveau spectacle de Pierre Lapointe, dont l'album florilège "La forêt des mal-aimés" a su trouver son public en France, est sans nul doute l'événement le plus attendu des 200 prestations au programme des FrancoFolies de Montréal cette année.
Lapointe montera trois soirs son "Mutantès", un spectacle avec quelque 20 artistes sur scène mis en scène spécialement pour souffler sur les 20 bougies des FrancoFolies.
"Les gens ne se doutent pas encore de la folie qu'est ce show-là. Les gens ne se rendent pas encore compte que ce show-là pourrait être...un jalon dans l'histoire de la musique sur scène au Québec", lance, débordant d'enthousiasme, Laurent Saulnier, programmateur du rendez-vous montréalais.
"On passe vraiment à une autre étape avec ce show-là. C'est très ambitieux", dit-il à l'AFP sans lever le voile sur les détails de ce spectacle qui sera présenté à partir de la mi-parcours du festival.
Les guitares acérées de Malajube et les envolées aériennes de Karkwa, deux groupes emblématiques de la "scène montréalaise", s'entremêleront pour un concert en plein-air le 3 août, dernier jour de cette édition des Francos.
Côté français, Daphné, Camille, Pauline Croze, Mademoiselle K, Arman Méliès fouleront tous les planches de salles montréalaises en formule tandem avec des artistes québécois.
La chanteuse Rose, dont le premier album avait été l'un des succès surprise de 2007 en France, Benjamin Biolay, Ours - Charles, le fils d'Alain Souchon - et Thomas Dutronc tenteront eux aussi de séduire le public québécois. Au total près de 25 chanteurs ou groupes français se produiront à Montréal.
"On ne peut pas suivre à la trace tout ce qui se passe sur la nouvelle scène française parce que ça devient extrêmement dispendieux pour nous d'une part et, d'autre part, on essaie qu'il y ait un vrai soutien pour ces artistes-là au Québec", souligne M. Saulnier.
"Il y a un paquet de jeunes groupes français que je trouve hyper intéressants mais s'il n'y a pas de distribution d'albums ici, s'il n'y a personne pour prendre le relais, j'ai l'impression de payer des voyages à des musiciens qui viennent faire les touristes ici", explique-t-il.
Le Suisse Stephan Eicher, qui avait connu un succès populaire et critique au Québec dans les années 90, fera un retour à Montréal, de même que la Rita Mitsouko esseulée Catherine Ringer et la chanteuse Véronique Sanson.
Un grand hommage au pionnier Félix Leclerc, qui avait conquis le coeur des Français dans les années 50 avant de devenir prophète en son pays, marquera la clôture du festival. Leclerc est mort le 8 août 1988, un an avant la première édition des FrancoFolies de Montréal.
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