Rencontres, le spectacle commémoratif présenté jeudi devant l'Assemblée nationale pour célébrer les 400 ans de la capitale, est un véritable hymne à Québec et à sa splendeur. Par la voix des ténors québécois — les Dubois, Charlebois, Dufresne, Pagliaro et Vigneault —, c'est l'âme de Québec qui chante après quatre siècles. Une spectaculaire réussite!
Ce déploiement grandiose qui combine musique de nos racines, acrobaties, chorégraphies et scénographie audacieuse risque de complètement faire oublier le cuisant échec du spectacle raté du 31 décembre. Le metteur en scène Pierre Boileau peut en être fier.
Le défi n'était pas évident : évoquer en 10 tableaux impressionnistes les grandes rencontres qui ont façonné Québec. Pour les enchaînements, qui de mieux que son fondateur. Yves Jacques, dans une superbe performance, livre un Champlain plus que Champlain. Son verbe est parfois truculent comme quand il évoque la défaite des plaines d'Abraham : «Nous avons laissé le Wolfe entrer dans la bergerie. J'en perds Montcalm.»
Il ne parvient pas toujours à meubler les temps morts, qui se sont probablement éternisés en raison de la captation télé du spectacle, ni à tisser tous liens, parfois un brin décousu. Le spectacle sera capté une seconde fois vendredi et diffusé vendredi également, à 19h à Radio-Canada.
Il est de toute façon très difficile de maintenir le rythme avec des chansons si disparates, malgré un choix presque sans faute. Car on voit mal la pertinence de la version dépouillée et un brin hésitante d'Évangéline de Marie-Jo Thério qui évoquait la déportation des Acadiens. Le lien avec Québec est ténu.
Ce qui n'était pas le cas du reste du répertoire, notamment les brillantes relectures de Félix Leclerc (Bozo et Le tour de l'Île) par Ariane Moffatt et Karkwa et celles plus convenues du répertoire d'Alys Robi. Même le pot-pourri des chansons de Jean-Pierre Ferland interprété par Marco Calliari, Lynda Thalie et le groupe vocal H'Sao s'est avéré une riche idée pour évoquer l'immigration et le métissage des cultures.
Reste qu'il aura fallu attendre le tiers du spectacle pour que les spectateurs obtiennent leur premier grand frisson : une majestueuse et puissante Chasse-Galerie par un Claude Dubois en voix. Son arrivée en calèche enfumée et éclairée par les feux de l'enfer n'a été surpassée que par celle de Diane Dufresne à la tête d'un cortège d'une trentaine de rutilantes et bruyantes Harley. Son interprétation de Rock pour un gars de bicycle était à la grandeur de sa démesure habituelle.
Mais c'est l'entrée surprise de Pagliaro qui a volé le spectacle. Son interprétation pleine de vitalité de J'entends frapper a soulevé la foule, qui n'attendait que ça. Le tour de piste de Charlebois, moins senti, a tout de même été l'occasion d'un des moments les plus poétiques avec les acrobates qui se balançaient entre les jets de la fontaine de Tourny, suspendus au globe qui surplombait la pièce d'eau.
La finale a réuni tout ce beau monde pour entonner un texte composé spécialement pour l'occasion et introduire Gilles Vigneault. Il n'allait pas se priver de chanter Gens du pays devant une mer de fleurdelysés. La totale!
Dans les circonstances, le choix controversé de la Place de l'Assemblée nationale pour la présentation de Rencontres, en raison du nombre restreint de spectateurs qui peuvent y prendre place, est une erreur de taille.
Il est vraiment dommage que toute la population de Québec et ses invités n'aient pas la chance d'assister à ce spectacle magnifique et presque sans faille qui célèbre quatre siècles de fait français en Amérique du Nord.
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