Cela fait vingt ans que Jim Corcoran fait la promotion de la chanson française sur les ondes radiophoniques de la CBC. Hier soir, il transposait son studio dans le Club Soda pour le 20e anniversaire des FrancoFolies.
Pour ce faire, Corcoran - l'anglophone de naissance étant l'artiste le plus francophone qui soit - respectait le concept de son émission : il s'adressait au public en anglais alors qu'il était sur scène, une hérésie pour lui.
«En 35 ans, je n'ai jamais fait ça. Dans mon cerveau, il y a comme une mutinerie», a-t-il dit en français avant de passer pour de bon à la langue de Shakespeare. C'est Michel Rivard, l'artiste comptant le plus grand nombre de participations aux FrancoFolies et le plus grand nombre de diffusions à l'émission À propos de Corcoran, qui a ouvert le bal avec Photo dans ma tête. Joli.
C'est d'ailleurs Rivard qui a le mieux résumé le sentiment des artistes francophones qui s'exprimaient dans un anglais «fluide ou sympathique» pour les besoins de la diffusion de la captation sur les ondes de la CBC.
«Sympathique», Louis-Jean Cormier l'était au possible - c'était tordant de l'entendre parler en anglais -, alors que René Lussier s'est livré à de la translation simultanée. Loin d'être une embûche, ce concept a mené à des transitions aisées, à des moments rigolos, à des liens pertinents de la part de Corcoran, bref, à une synergie qui existe rarement dans un spectacle où les artistes défilent à la queue leu leu.
Autour de Karkwa
Karkwa a été le centre d'attention de la généreuse première partie (une heure et demie) avec ses compositions (Combien, Le Compteur), mais le groupe a aussi servi de house band à Lussier (La Valse qui console) et à Bernard Falaise qui a signé une magnifique instrumentale (Dans la tête du cow-boy) pour les 20 ans d'À propos. La bassiste Marie-Pierre Fournier, qui a du Feist dans le nez et dans la dégaine, a quant à elle cassé deux chansons à venir de son premier disque (Déposer les armes et Elle).
Quant à l'animateur vedette, il s'est fait fichtrement plaisir en reprenant J'étions seul avec Fournier et le guitariste Pierre Côté, et Faute de frappe avec Côté, Lussier et leurs guitares dissonantes.
Faute de frappe ? Il n'y en avait pas, hier. Peu importe son origine, tout le monde disait merci beaucoup et thank you very much dans un même souffle.
Philippe Rezzonico, Le Journal de Montréal, 25-07-2008
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