Alors ça, on ne l’avait pas vu venir. Que Karkwa remporte le Polaris, le plus crédible des prix de musique indie au Canada, je n’y croyais pas. Fondé sur un vote de spécialistes très majoritairement anglophones et d’un jury final majoritairement anglo (quatre francophones sur dix, tout de même), ce verdict me semble plus qu’étonnant. Et plus que réjouissant.
Franchement, il me semblait à peu près impossible qu’un groupe francophone puisse remporter le Polaris. Qu’un groupe local franco puisse faire partie des finalistes de ce prix pancanadien tenait à mon sens de la rectitude politique dans un contexte anglo-canadien.
On ne sautera pas aux conclusions naïves mais on souhaitera que c
ette victoire de Karkwa puisse inciter les groupes indies du Québec français et du Canada français à prendre les risques nécessaires à la singularité. À être en phase avec ce qui se propose de mieux sur la planète. Que de tels efforts sont essentiels à la santé de notre culture.
On souhaitera également que les producteurs et diffuseurs d’ici puissent perdre un peu de leur frilosité proverbiale. Que les meilleurs groupes et artistes solos francophones puissent être reconnus au-delà de notre marché minuscule et démesurément consensuel. Que la seule manière d’y parvenir est de s’exporter, c’est-à-dire rayonner au-delà de ce que Tout le monde en parle est capable d’admettre sur son plateau hebdomadaire.
On rappellera en outre que les gars de Karkwa sont déjà trentenaires et que la francophonie d’Amérique a grand besoin de nouveaux groupes de fort calibre.
En tout cas, un énooorme bravo !
Article d'Alain Brunet, le Mardi 21 septembre 2010
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