Si Karkwa n’a pas de réelle base de fans en Ontario, son plus récent disque, Les chemins de verre, lui a permis de se retrouver parmi les dix finalistes au prix Polaris, décerné par un contingent de près de 200 journalistes canadiens spécialisés en musique. Photo d’archives Rogerio Barbosa
TORONTO – Le chanteur-guitariste Louis-Jean Cormier, le pianiste-claviériste François Lafontaine et le batteur Stéphane Bergeron, de Karkwa, qui entourent une jolie fille pour une photo, c’est sympathique. Mais sur la rue King, devant le nouveau complexe du Festival international du film de Toronto (TIFF), c’est plus inusité qu’à Sorel, disons…
Qu’importe, dans une courte prestation extérieure (L’acouphène, Le bons sens, Moi-léger, le Compteur) qui réunissait trois des dix groupes qui seront en lice, lundi prochain, pour le prestigieux prix de musique pancanadien Polaris, les Québécois ont montré de quoi ils se chauffaient, dimanche, dans la Ville-reine.
«C’est peut-être un peu tôt, midi, pour faire du rock comme ça», a lancé en rigolant Cormier, qui a fait sourire les spectateurs présents sur place en disant – en anglais – que ce n’était pas grave si certains d’entre eux comprenaient peu ou pas les paroles des chansons du groupe.
«On était en mode Jedi», note Bergeron.
Pardon?
«En mode plug and play, renchérit Lafontaine. Tu arrives sur scène, tu te plogues et tu joues tout de suite. On appelle ça être en mode Jedi», note le pianiste, dont l’instrument a produit quelques sons pour le moins curieux au terme d’une mise en place qui n’aura duré guère plus de dix minutes après la performance du vétéran groupe The Sadies.
Il faut noter que les bands jouaient dans le cadre de l’inauguration du TIFF Bell Lightbox, la nouvelle maison du cinéma de Toronto. Entre les performances des bands, les cérémonies protocolaires et la manifestation bruyante des employés syndiqués des hôtels de Toronto qui défilaient devant le Hyatt, quartier général du festival, c’était animé dans le coin.
«Ce n’est pas la première fois qu’on joue à Toronto, ajoute Bergeron, mais jamais en tournée. Toujours comme ça, dans le cadre d’un événement spécial, ou d’un événement commandité par Sirius (la radio satellite) parce qu’on n’a jamais fait une tournée au Canada anglais.»
Impact réel
Si Karkwa n’a pas de réelle base de fans en Ontario, son plus récent disque, Les chemins de verre, lui a permis de se retrouver parmi les dix finalistes au prix Polaris, décerné par un contingent de près de 200 journalistes canadiens spécialisés en musique.
«C’est très flatteur et surprenant, note Cormier. Ça nous fait prendre conscience qu’il n’y a pas que le marché francophone. Nous avons mis pas mal d’énergie en Europe, mais il n’y a pas que ça.»
«À Vancouver, on réalise qu’il y a des gens qui ont de l’intérêt pour nous», renchérit Lafontaine.
On se souviendra que Karkwa avait compté parmi les nombreux artistes du Québec à profiter de la vitrine olympique au mois de février dernier.
Alors que les gars de Radio Radio étaient à leur tour sur la scène Bloc Party, dans une rue King fermée à la circulation, entre les artères John et Peter, le trio soulignait que l’échantillonnage du prix Polaris étaitrévélateur à son goût.
«Il n’y a aucun système parfait, mais quand je regarde les groupes en lice, je me dis que c’est plus équilibré qu’aux Junos ou à l’ADISQ», note Bergeron.
«C’est un concours de musique pour les mélomanes, soutient Cormier. Il y a plein de groupes qu’on retrouve là qu’on écoute nous aussi.»
«Je crois que ça représente surtout une autre scène musicale», souligne Lafontaine.
Si les gars de Karkwa étaient à l’aéroport Trudeau à six heures du matin dimanche pour être à Toronto en matinée, au moment où vous lirez ces lignes, ils seront déjà de retour au Québec pour une semaine chargée… avant de revenir à Toronto la semaine prochaine.
«(Lundi), on se réunit à Saint-Eustache où on répète toute la semaine notre nouveau spectacle dont la première a lieu vendredi… à Saint-Eustache, précise Lafontaine. Après, il y aura des shows au Québec et deux ou trois voyages en Europe à l’automne. Puis, un petit break en décembre, parce Stef va avoir un enfant à son tour. Et l’an prochain, ça va repartir en grande.»
Article écrit par Philippe Rezzonico, RueFrontenac, le Dimanche, 12 septembre 2010
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