Le mois dernier,
Karkwa a lancé un quatrième album intitulé
«Les chemins de verre». Le groupe y propose une musique riche aux multiples textures sonores. Showbizz.net a rencontré trois membres de la formation.
Louis-Jean Cormier (voix et guitares), François Lafontaine (claviers), Martin Lamontagne (basse), Stéphane Bergeron (batterie) et Julien Sagot (percussions et voix) forment Karkwa. François, Julien et Stéphane ont répondu aux questions de Showbizz.net dans un resto du Vieux-Québec.
«Les chemins de verre» a vu le jour le 30 mars sur étiquette Audiogram. Une bonne partie de l'album a été enregistrée au studio La Frette, à Paris. Le reste des enregistrements s'est fait à Montréal. L'album a été complété l'hiver dernier.
En 2008, le groupe avait reçu plusieurs honneurs dont quatre prix Félix pour «Le volume du vent», son disque précédent. Les deux dernières années ont donc été riches en émotions pour les musiciens et très bien remplies. Karkwa s'est notamment produit au Québec, en Europe, aux États-Unis et au Liban. «C'est un rêve de ti-cul qui se réalise», dit François au sujet de la consécration du groupe.
Qui dit succès, dit agenda chargé. L'année dernière, les membres de la formation furent par conséquent envahis par la fatigue. Les groupes ne font plus d'argent avec leurs disques, croit le claviériste. Il faut donc donner de multiples concerts pour gagner sa vie. Il faut par contre faire des choix et ne pas négliger sa vie de couple et sa vie de famille, ce qu'a compris la formation.
«L'année 2009 a été l'année la plus chargée qu'on ait vécue. Avec les séquences de spectacles et les aller-retours en France ou des (séjours) d'un mois complet en France... C'est un horaire particulier. On avait du temps libre en France alors on avait décidé de travailler là-bas. On s'est dit qu'on allait louer un studio. Nous avons un ami qui possède un studio là-bas», raconte Stéphane.
L'énergie du groupe baissait à mesure que les tournées se poursuivaient. Par conséquent, l'enregistrement du nouvel opus s'est-il fait dans une certaine tourmente? «C'était davantage de la fatigue. De la tourmente, non», répond François.
«Lorsqu'on est entré à La Frette, on a vu ça comme un exercice. On ne s'est pas dit qu'on allait en entrer un studio, faire un album, le sortir et avoir un hit quand même, ajoute Julien. On est arrivé. On a enregistré des chansons. Finalement, avec le recul, on s'est aperçu qu'on avait de quoi de pas pire pour faire un album.»
«Il n'y avait pas de pression. On ne sentait pas d'urgence de faire un disque», ajoute le percussionniste.
L'enregistrement
Le groupe n'a pas fait de pré-production pour cet opus. Il travaillait une chanson par jour. Il n'essayait de faire du «travail à la chaîne», disent les membres.
Après avoir offert des dizaines de spectacles lors de la tournée qui a suivi la parution de «Le volume du vent», le groupe avait le goût de bosser sur du nouveau matériel. «C'est pour ça que c'est sorti si vite. On était vraiment dû pour créer de la musique au lieu de répéter les (mêmes) chansons tous les soirs», dit Stéphane.
Selon François, Karkwa possédait également dans ses tiroirs quelques ébauches de pièces que les membres n'avaient jamais eu l'occasion de travailler. L'occasion était donc propice pour s'attarder à nouveau à ces morceaux. Le groupe en profitait aussi pour improviser en studio, précise Stéphane. Le travail se faisait au fur et à mesure. C'était une nouvelle façon de faire pour le groupe.
Après la sortie du «Volume du vent», Karkwa n'avait pas le goût de faire de la pré-production. «Tout le monde est arrivé. On n'avait rien d'enregistré. Louis-Jean n'avait rien d'enregistré non plus. Tout ce qui s'est fait a été modelé en groupe», précise François.
Patrick Watson collabore à la pièce «Marie tu pleures». Il s'agit d'un bien heureux hasard. «On ne voulait pas mais il nous a offert de nous payer une bonne grosse bouteille», blague Stéphane!
L'anglo-montréalais et sa bande se trouvait à Paris tout comme Ariane Moffatt, la regrettée Lhasa de Sela et Marie-Jo Thério! Karkwa a donc invité tout ce beau monde à souper au studio La Frette. Patrick Watson a ensuite décidé de pousser la chansonnette avec la formation.
Évolution et inspiration
Sur «Les chemins de verre», Karkwa propose des textes imagés voire même parfois durs. «Le Pyromane» et «L'acouphène» ne mettent pas en scène des narrateurs très jojos! Louis-Jean Cormier et ses potes nous font voyager sur des sentiers complexes, à des kilomètres de la pop gnangnan.
«Je trouve qu'il y a vraiment une évolution dans les textes. C'est plus concis. Je trouve qu'il y a une belle direction... Il y a beaucoup de viande (...). Pour Karkwa, ce disque est un beau tour de force autant pour les textes que la musique», dit Julien dont les propos sont appuyés par François.
«Beaucoup de textes imagés... C'est très cinématographique», ajoute Julien. Les membres de Karkwa aiment suggérer plutôt que dicter. Le public peut ainsi s'approprier les chansons et en tirer sa propre interprétation.
La structure des morceaux a aussi été simplifiée. «La chanson est moins longue mais elle a plus de stock», de dire Stéphane.
En 2009, Karkwa a représenté le Canada aux Jeux de la Francophonie à Beyrouth, au Liban. Sur son nouvel opus, une pièce s'intitule d'ailleurs «Les enfants de Beyrouth».
Le séjour du groupe dans ce pays a influencé le texte de cette composition. Louis-Jean avait déjà écrit une ébauche de texte sur le sujet, raconte Stéphane. Ce voyage lui aurait ensuite permis de donner un sens à sa pièce.
La formation logeait dans un campus universitaire à Beyrouth, un endroit où il y avait beaucoup de très jeunes bénévoles, se rappelle Julien: «C'était vraiment très chaleureux comme ambiance». La jeunesse libanaise doit se battre, croit-il. Elle a connu la guerre mais la vie continue.
Textures sonores
«Les chemins de verre» propose des textures sonores riches. À l'écoute, la voix de Louis-Jean Cormier, les harmonies vocales et la musique semblent se fondre en un tout. «On a travaillé fort les voix», dit Julien.
«On a fait beaucoup plus de voix, renchérit François. On avait l'intention de faire des vocalises, des harmonies vocales. On ne s'est pas rendu au bout de notre idée tant que ça, je trouve. On a commencé quelque chose. Ça a donné ce que ça a donné. Avec (ce disque), on s'est dit qu'on allait arrêter de niaiser... Finalement, il y a parfois des chansons à trois voix.»
Malgré les doutes éprouvés par le claviériste, le groupe semble effectivement être allé au bout de ses intentions.
Concerts et agenda
Cet été, Karkwa se produira dans une poignée de festivals avant de prendre la route à l'automne.
Le groupe prend actuellement une pause tout en faisant la promotion de son nouvel opus.
On verra Karkwa le 18 novembre prochain sur la scène de la salle Louis-Fréchette du Grand Théâtre de Québec, selon un communiqué émis par la salle de spectacles.
D'autres concerts restent évidemment à annoncer.
Article de Julie Rhéaume, Branchez-vous, Showbizz.net, Le 15 avril 2010