Trop de choses à faire, pas assez de temps.
Mardi, les répétitions avec Karkwa débutent à 9 h 30.
Certains joueurs ayant décidé de célébrer la veille, deux d'entre eux étaient un peu moins... performants.
Pour tout vous dire, ils étaient surtout fatigués et donc plus en proie à de sérieux fous rires.
La musique reste toujours aussi présente.
François Lafontaine est particulièrement craquant. Avec ses verres fumés, sa tête qui semble peser des milliers de tonnes et ses index qui pianotent abstraitement les touches du clavier, il rappelle Ray Charles.
Bienvenue à Studio blues - take it away, Frank.
Jusqu'à 16 h, il retournera ponctuellement se réfugier dans le blues. Parfois, ce sera autre chose. Durant une pause-café, tous les musiciens convergent vers le petit salon alors qu'il reste seul en studio à marteler la batterie de Stéphane. Aucun répit, aucun moment de silence pour lui.
Louis-Jean s'entête à jouer spontanément Come to my window, de Melissa Etheridge, ou Wanted dead or alive, de Bon Jovi, qu'il interprète avec une étonnante fougue pour un homme affaibli par une cuite. « C'est reposant », fait François en haussant les épaules.
La pétillante Elizabeth Powell, invitée de Karkwa, embarque dans le jeu, offrant elle aussi une reprise, celle de Voodoo child, de Jimi Hendrix. Elle fait partie de la famille, ça se voit. Montréalaise d'adoption, elle a formé le trio Land of Talk autour de ses chansons et de sa voix. Une voix délicate et fragile qu'elle dépose sur quelques chansons du quintette en plus d'offrir deux des siennes. Une artiste à découvrir.
C'est chouette de voir Louis-Jean, le fan, se manifester. « C'est tellement beau, cette toune-là, ça n'a pas d'allure », dit-il à Elizabeth avant de s'informer de la prononciation adéquate du texte de Sea foam. Il étudie davantage les paroles : « C'est fou ce qu'elle raconte, le truc avec les clés. »
C'est vrai que parfois, l'anglais permet des tournures de phrases et des expressions inégalées ou du moins plus difficiles à reproduire dans la langue de Molière.
Le texte d'Elizabeth en est un bel exemple :
As she keys you And she knees you
Le tic tac de l'horloge se fait sentir, le temps presse. Au retour du dîner, le nouveau disque de Karkwa est livré à Radio-Canada. C'est la première fois que les membres du groupe peuvent manipuler, toucher l'objet.
On m'explique que la pochette est une reproduction d'une toile de Marc Séguin. Karkwa vient tout juste de terminer la musique de Gars de bois, un documentaire que Bruno Boulianne a réalisé sur le peintre.
Dans le studio, Martin Léon répète avec Louis-Jean Art poétique, une chanson de l'album 12 hommes rapaillés.
Entassés dans le salon adjacent, les autres écoutent, pour la première fois, la version mastérisée des nouvelles chansons.
Session d'écoute impromptue et commentée par Karkwa : le grand luxe!
J'ai bien sûr envie de vous décrire Les chemins de verre dans toutes ses nuances, mais je me contente de vous assurer, très humblement, que vous ne serez pas déçus et que non, il ne s'agit pas du Volume du vent volume 2.
Pour le reste, voici quelques observations spontanées des créateurs :
28 jours : La chanson dont François est le plus fier, mais aussi celle qui sera la plus exigeante et la plus difficile à reproduire en spectacle de l'avis de tous.
Dans mon sang : « À ne pas écouter à proximité d'une corde ou d'une arme », rigole Martin.
C'est vrai qu'elle est particulièrement sombre et menaçante. « Je voulais qu'il y ait un malaise, confirme François, que ce soit malaisant. »
Au-dessus de la tête de Lilijune : Texte et musique de Julien Sagot en hommage à sa fille. Surprise! C'est aussi lui qui la chante!
La réalisatrice Diane Maheux cogne à la porte avec une demande spéciale.
Il faudra ajouter une autre chanson à la feuille de route. Une autre chanson à monter là, maintenant, tout de suite, pour demain. Les gars sont complètement brûlés, mais optent pour une nouvelle, la très jolie Marie, tu pleures. Tout pour la musique.
Publié par Rebecca Makonnen sur le blogue de Radio-Canada
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