Karkwa – Hollywood n’aurait pas fait mieux
Dix jours après avoir remporté à Toronto le Prix Polaris couronnant le meilleur album lancé au Canada au cours de la dernière année, les membres de Karkwa s’offraient la rentrée montréalaise de leur album primé, Les Chemins de verre, dans le cadre du plus important spectacle de la soirée d’ouverture du festival Pop Montréal. Même Hollywood n’aurait pas fait mieux.
Dix jours après avoir remporté à Toronto le Prix Polaris couronnant le meilleur album lancé au Canada au cours de la dernière année, les membres de Karkwa s’offraient la rentrée montréalaise de leur album primé, Les Chemins de verre, dans le cadre du plus important spectacle de la soirée d’ouverture du festival Pop Montréal. Même Hollywood n’aurait pas fait mieux.
Et les nouveaux lauréats de ce prix national – couronnés pour un album en français par un jury constitué majoritairement de journalistes unilingues anglophones et de quelques francophones biaisés, selon The Globe and Mail – ont offert une performance qui ne fera pas honte à leur nouveau titre.
À bien des égards, nous avons eu droit au meilleur de Karkwa, jeudi, au Métropolis. Après plus de dix ans de galère, ce groupe sait tirer le meilleur de lui-même quand vient le temps de livrer sa musique aussi dense qu’intense, aussi recherchée qu’étoffée, aussi planante que mélodique.
Il est vrai qu’on a souffert lors du premier quart d’heure, le son étant anormalement mal équilibré selon les standards auxquels Karkwa nous a habitués. Le pianiste François Lafontaine a d’ailleurs noté après Les Chemins de verre (magnifique livraison, malgré tout) que quelque chose ne fonctionnait pas, mais que là, ça allait marcher.
En effet, la définition des instruments durant Le Pyromane et Acouphène avait quelque chose de brouillon, au point où on entendait – peu ou pas – les nuances entre la batterie de Stéphane Bergeron et les percussions de Julien Sagot. Cela s’est ajusté par la suite, ce qui a permis de goûter aux meilleures livraisons qui soit des compositions Le Compteur et L’Épaule froide.
Il faut dire que si Karkwa était en feu au plan musical, l’éclairagiste du groupe depuis ses débuts, Mathieu Roy, a concocté l’une des plus beaux feux d’artifice de jeux de lumière vus par ce critique depuis des années : spots en synchronisme avec la rythmique d’Acouphène, faisceaux lumineux plongeant du plafond sur les musiciens durant Le Compteur, lumières stroboscopiques battant la mesure pour Moi-Léger ou ampoules scintillantes pour colorer L’épaule froide… Nous étions bouche bée. Globalement, ce sont La Piqûre – avec ses lasers de couleur verte – et Le Bon Sens qui ont probablement été les mieux servies par des orgies d’effets visuels éblouissants.
Musicalement, Karkwa a su varier ses ambiances, logeant en plein milieu de son set de deux heures un trio ambiant formé par Solstice (claviers pétillants de Lafontaine), Mieux respirer (un touchant piano-voix entre Louis-Jean Cormier et Lafontaine) et Les Vapeurs, aussi diffuse que son appellation l’indique.
Rayon bémols, les enchaînements télégraphiés (les discours, ce n’est pas la force de Karkwa), un trou de mémoire de Cormier durant Échapper au sort (c’était bien un soir de rentrée) et la décision discutable d’amener Leif Vollebekk et ses boys, qui avaient fait la première partie, pour un blues pas très convaincant au début du rappel.
Ce geste, fort sympathique envers les invités d’un soir au demeurant, aura cassé l’ambiance façonnée par Karkwa. Remarquez, une version de Dormir le jour qui reposait sur une pulsation atomique de Bergeron et Sagot a remis tout le monde dans le coup, avant que nous soyons renversés par l’impact d'Oublie pas, le genre de chanson dont la mélodie te reste en tête des heures durant.
Quand le band a conclu sa soirée avec au dernier rappel une chanson qui a été interprétée par la foule, on se disait, en effet, que ce spectacle avait ressemblé durant de longs moments à ça : Le Vrai Bonheur.
Cliquez sur la photo ci-dessous pour visualiser la galerie de photos du spectacle d’Alain Décarie..
Écrit par Philippe Rezzonico, Rue Frontenac, le Vendredi, 01 octobre 2010
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