La file mesurait au moins 500 mètres et seulement la moitié de la foule, réunie sur la rue Saint-Joseph, a pu pénétrer les murs de l’Impérial de Québec. Le reste de la masse, pris à l’extérieur, espérait un miracle. C’était à la demande des gagnants du prix Polaris 2010 de jouer à l’intérieur. De cette façon, pas de Rammstein ou de Avenged Sevenfold avec leur guitare puissante pouvant venir briser leur animus à la scène Molson dry du Parc de la Francophonie.
Or, les gens qui ont réussi à rentrer dans cette salle ouatée étaient très, mais très fébriles. À la toilette, j’entendais justement des gars se dire qu’ils avaient eu de la chance d’être là, même s’ils étaient arrivés deux heures avant le spectacle.
Avec l’énergie qui se dégageait de l’endroit, rien, même un meurtre, n’aurait pu venir briser la haute énergie du moment. C’est avec la chanson Échapper, un brin progressive, que les gars de Karkwa ont ouvert le bal. La fusion entre le « band » et les spectateurs s’est directement produite. « Faque, c’est ça, on est là pour s’amuser et vous lancer des chansons, donc bonne soirée, merci d’être là », a simplement dit un Louis-Jean Cormier, déterminé, souriant et (guitariste/chanteur) en plein contrôle de la scène, juste avant d’enchainer avec la pimpante Pyromane.
Le groupe formait un demi-cercle avec en son centre le « leader », un genre d’atome où les neutrons réagissent à l’unisson et à l’écoute constante de chacune de ses actions. C’est alors qu’ils ont poussé à la salle Dormir et M’empêcher, deux chansons plus calmes, plus expérimentales, nous entraînant dans un gouffre électrique dans lequel nous avons aperçu tout le talent de ces musiciens. À son piano, François Lafontaine était, comme à son habitude, en transe, aux percussions Julien Sagot créait puissamment les expériences sonores, Martin Lamontagne, à la basse, la main fendue causée par un accident, était plus calme, mais toujours aussi efficace, puis Stéphane Bergeron était tout aussi en feu avec sa batterie afin de maintenir le fracassant rythme du groupe.
À la suite de ce délire musical, Marie tu pleures est venue enjoliver et soulever l’Impérial. « Merci d’aimer la musique en français! » c’est alors exclamé Cormier, avant d’inviter sur scène les membres de Plants and Animal (voir plus bas) à venir jouer le blues de Bon sens, un petit bijou. Ensuite, L’épaule et la transcendante 28 jours ont envouté l’endroit et éblouit la foule conquise.
Le reste du spectacle fut du bonbon en commençant par l’Acouphène. Une fin de « set » liste très estivale. Ensuite, la pièce titre du dernier album Les Chemins de verre, suivit du Compteur et de la magnifique Moi-Léger sont venus frapper le public. Enfin, la cerise sur le « sundae » Oublie pas couronne le spectacle.
Deux chansons étaient prévues pour le rappel, un bon vieux classique, La marche et la douce pièce Le vrai bonheur. Une finale à la hauteur des attentes. Mais, n’allez pas croire que les « fans » allaient laisser partir son groupe préféré de cette manière. Même si les lumières étaient déjà rallumées et que le disque du Festival d’été de Québec, que l’on commence à connaître par cœur, jouait dans les haut-parleurs, la foule scandait un autre rappel. Alors, voyant cette foule en délire, la formation est revenue une dernière fois avec la très belle pièce Solstice, un texte du poète Pierre Nepveu, pour clore cette superbe soirée.
Bref, avant la tournée du groupe, les critiques ont soulevé le doute de la transmission juste de toutes les nuances, subtilités et variations sonores du disque lors des prestations. Finalement, aucun ne doute qu’ils aient réussi, en modifiant un peu les pièces et en les rendant plus rock et brutes, à trouver la niche parfaite afin d’y poser leur musique.
Plants and Animals
Ils sont trois, mais ça sonne comme s’ils étaient huit sur scène. Manipulant sans hésitation les pièces de leurs deux albums, Parc Avenue (plus folk et mélodieux) et La La Land (plus rock et concis), le groupe a offert une solide performance. Loin d’être qu’une première partie, la formation montréalaise a su démontrer une qualité musicale mature et précise. Parfois riche en envolées planantes et pop, d’autre fois plus « prog » et rude, leur musique a plu à une foule qui les connaissait probablement déjà. De toute manière, lorsque tu termines ta prestation avec Bye Bye Bye accompagné de Karkwa sur scène, il est difficile de garder un mauvais souvenir de ce moment.
Publié par Nicolas Lachance vendredi 15 juillet 2011 sur Infofestival.com
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