Entre deux «poffes de diesel», les membres de Karkwa reviennent à Montréal pour présenter Les cendres de verre, un documentaire sur le groupe Le film montre le quintette lors de sa tournée hivernale 2010
De leur propre aveu, les gars de Karkwa prennent de «grosses poffes de diesel» par les temps qui courent. Depuis qu’ils ont remporté le prix Polaris du Meilleur album canadien pour Les chemins de verre, les cinq musiciens vivent dans leurs valises. Au moment de notre entrevue, le quintette revenait d’une série de sept concerts en Ontario et s’apprêtait à s’envoler pour Austin, au Texas, afin de participer au festival musical South by Southwest (SXSW). Vendredi prochain, il partira pour Toronto, où il se produira dans le cadre des festivités entourant le gala des prix Juno. Le groupe y figure dans deux catégories : Album francophone de l’année et Album alternatif de l’année.
Entre-temps, Karkwa prendra part, jeudi à la Place des Arts, à une discussion après la projection du documentaire Les cendres de verre. Réalisé par Nathanaël Le Scouarnec et présenté dans le cadre du Festival international du film sur l’art, le moyen métrage pose un regard inattendu sur le travail de la formation québécoise. Filmé à l’hiver 2010, ce carnet de tournée montre Louis-Jean Cormier et sa bande sur scène et en coulisse, jouant – pour la première fois dans plusieurs cas – les chansons qui, quelques mois plus tard, composeraient le disque Les chemins de verre.
On y voit le groupe apprendre Le pyromane à peine quelques minutes avant de fouler les planches du Petit Champlain, à Québec, ou encore offrir une version acoustique de L’acouphène dans une église montréalaise. «Je demandais toujours aux gars de faire des trucs un peu fous pour enrichir le film, raconte le réalisateur français, joint au téléphone. Un soir, on a eu l’idée d’aller terminer le concert dehors, à -20 0C. On a répété l’expérience le lendemain, et cette fois-là, devant l’enthousiasme des spectateurs, le rappel s’est prolongé et le groupe a fini par jouer trois morceaux. Malheureusement, Louis-Jean a attrapé froid et il a dû passer la journée suivante à soigner une extinction de voix!»
Nathanaël Le Scouarnec a l’habitude de collaborer avec des musiciens de la Belle Province. En plus d’avoir déjà enregistré un Concert à emporter avec Karkwa dans les rues de Paris, le cinéaste a travaillé il y a trois ans au montage de Miroir noir, un film sur la conception de la tournée Neon Bible, d’Arcade Fire. «Ce sont deux groupes que j’aime beaucoup et qui réussissent à donner une émotion rare», précise Le Scouarnec.
Contrairement à nombre de documentaires musicaux, Les cendres de verre ne contient pas d’entrevues un à un avec les membres de la formation. Cela n’empêche pas certains d’entre eux de s’exprimer librement devant la caméra, comme Julien Sagot, qui va jusqu’à déclarer : «Le jour où il n’y aura plus de sourires entre nous sur le stage, ce sera la clé dans la porte.» Cormier abonde dans le même sens que son ami. «Le jour où on va avoir une nouvelle tournée d’organisée et que ça ne nous tentera pas, c’est clair qu’on va arrêter, affirme le chanteur. Mais il faut quand même s’entendre sur le fait que, des fois, comme tout être humain, ça ne nous tente pas d’être quelque part. Ça peut nous arriver de dire : “À soir, je m’en serais passé.”» «Mais en ce moment, on a tout pour que ça nous tente, poursuit-il. Chaque année, on améliore nos conditions de tournée : on a de plus en plus de techniciens, donc à part la création et les shows, on a de moins en moins d’efforts à fournir ailleurs. C’est dur de trouver ça plate. C’est le plus beau métier du monde.»
Les cendres de verre
Jeudi 24 mars à 18 h 30 à la 5e salle de la Place des Arts;
samedi 26 mars à 21 h à
la salle Claude-Jutra de la Cinémathèque québécoise;
à l’affiche du 9 au 14 avril
au Cinéma du Parc
Article de MARC-ANDRÉ LEMIEUX, MÉTRO Montréal, Publié: 17 mars 2011