[ Disparition de Chorus, revue emblématique dans le domaine de la chanson : Le trimestriel Chorus, considéré comme la revue de référence de la chanson francophone, ne sortira pas son numéro d'automne mardi, en raison de sa mise en liquidation judiciaire cet été, a-t-on appris lundi auprès de la rédaction et de l'éditeur. "Par respect envers leur lectorat et les artistes rencontrés", la rédaction de Chorus a mis en ligne (www.laredactiondechorus.fr) "une importante partie du numéro d'automne", qui devait comprendre un dossier consacré à Manu Chao, des rencontres avec Art Mengo et Mickey (3d), un portrait de Karkwa, etc. source AFP]
Ils sont nombreux, les groupes, au Québec, à s’illustrer dans les concours. Plus rares ceux qui, comme Karkwa, à chaque nouveau pas, élargissent leur rayon d’action tout en demeurant eux-mêmes. Brève histoire d’un quintette qui a plusieurs cordes à son arc.
Formé en 1998 par Louis-Jean Cormier (guit., voix), Stéphane Bergeron (batt.), François Lafontaine (clav.), Martin Lamontagne (basse) et Julien Sagot (percus., voix), qui s’étaient croisés en partie en classe de musique d’un Cégep, le groupe a choisi son nom à l’aveugle dans un dictionnaire, en transformant phonétiquement le mot carquois. Remarqué l’année suivante au concours « Cégeps en spectacle », ce qui lui vaudra une tournée en France, il est finaliste en 2001 des Francouvertes.
En 2003, le premier album autoproduit, Le Pensionnat des établis, laisse apparaître diverses influences : Zappa, la world music et la musique progressive, toujours présente aujourd’hui. « Après cet album, j’ai écouté Bob Dylan et Neil Young. J’ai compris que des bonnes chansons vivent seules et qu’il fallait se recentrer », constate Louis-Jean, le chanteur-auteur. Il en résulte une chanson rock, tantôt incisive tantôt planante, qui peut se gonfler comme une voile avant de s’assoupir sur une mer tranquille. « Nous sommes des passionnés d’arrangements », précise Stéphane, le batteur. Cela s’entend notamment dans leur version du Tour de l’île sur l’album Hommage à Félix Leclerc (2008), où le style du groupe, habile à développer une émotion musicale, se met au service du père de la chanson québécoise.
Mais la sortie en 2005 chez Audiogram (en 2007 en France) du deuxième album, Les tremblements s’immobilisent (auquel collabore Brigitte Fontaine), va marquer l’entrée officielle de Karkwa dans le « métier ». Le quintette rock reçoit le Prix Félix-Leclerc remis dans le cadre des Francofolies de Montréal, mais aussi et surtout, à l’Adisq, le Félix de l’auteur-compositeur-interprète, ex æquo avec Pierre Lapointe. Avec Le Volume du vent (2008), ce succès ne se dément pas : Karkwa repart du gala de l’an passé avec quatre statuettes : album alternatif, vidéoclip, groupe et auteur-compositeur-interprète de l’année pour la seconde fois !
Malgré cela, Karkwa demeure apparenté à la musique alternative. Louis-Jean Cormier se dit « fier d’avoir gardé la fidélité du milieu underground ». Cormier est d’ailleurs fortement sollicité pour la réalisation d’albums de genres différents. Ainsi a-t-il réalisé l’étonnant Douze hommes rapaillés autour des poèmes de Gaston Miron et les premiers disques des prometteurs Marie-Pierre Arthur et David Marin. Ne reste plus à Karkwa qu’à se faire apprécier en France à sa juste valeur, ce que devraient faciliter la sortie récente de son troisième opus chez Wagram Music et sa présence, remarquée, dans plusieurs festivals de l’été dernier.
(François Blain, Photos F. Vernhet et DR pour la première)
Contact scène : 3C, Les Jardins de Gambetta, 74 rue G.-Bonnac, Tour n° 3, 33000 Bordeaux (05 57 53 02 41 ; www.karkwa.com).
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