Prix Polaris 2010 remporté contre toute attente (on se souvient du Globe&Mail), Karkwa a également conquis quelques terres françaises en plus de soumettre un opus mature et d’autant plus fédérateur. Alors ? Ze groupe de l’année de l’Amérique francophone, en ce qui me concerne. Sur ces chemins de verre, Karkwa nous invite à méditer sur le pyromane de l’intimité, à s’imaginer une chambre à gaz, à peindre l’acouphène qui roule dans les crânes. Un «moi léger» peut émerger du tunnel. La lumière peut être repérée. Ainsi s’étend le domaine poétique de Louis-Jean Cormier, principal auteur du groupe – Julien Sagot en complément d’orchestre.
Les ambitions formelles demeurent louables, malgré ces défauts d’apprentissage qui ont tôt fait de se cacher dans la musique. Les mots finiront peut-être par accoter les notes, ces dernières demeurent la principale source d’excitation lorsqu’on se met à l’écoute de Karkwa.
Qui plus est, ce groupe est intrinsèquement liée à la chanson québécoise. Plus mature, mieux maîtrisée, un peu candide, un tantinet pompeuse. Le groupe reste nettement supérieur à la moyenne francophone (tous continents confondus) dans l’expérience musicale qu’il suggère. Pour son quatrième album, le groupe a su déjouer les pièges de la surproduction. En préservant le caractère brut du rock indé tout en fournissant un effort de raffinement. En gardant les pieds dans le folk et la pop. Maturité, somme toute.
Extrait de l'article " Bilan 2010 / Top franco" d'Alain Brunet, La Presse, Le Mardi 28 décembre 2010
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