Profitant déjà d’une belle reconnaissance du public et des critiques québécois, les derniers mois ont été riches en émotions pour Karkwa. Son dernier opus, «Les chemins de verre», a même reçu le prestigieux prix Polaris décerné au Meilleur album canadien de l’année. Showbizz.net a donc choisi Karkwa «Groupe/artiste québécois de 2010». Nous en avons profité pour discuter avec le chanteur Louis-Jean Cormier.
Louis-Jean Cormier (voix et guitares), François Lafontaine (claviers), Martin Lamontagne (basse), Stéphane Bergeron (batterie) et Julien Sagot (percussions et voix) forment Karkwa. En mars 2010, la formation a lancé un quatrième album intitulé «Les chemins de verre». Cet effort, en partie enregistré à Paris, lui a valu plusieurs récompenses et des critiques élogieuses.
Article par Julie Rhéaume, Showbizz.net, le 15 décembre 2010, Crédits photo : Jimmi Francoeur
«L’année 2009 a été l’année la plus chargée qu’on ait vécue. Avec les séquences de spectacles et les aller-retours en France ou des (séjours) d’un mois complet en France… C’est un horaire particulier», racontait Stéphane Bergeron à Showbizz.net au printemps dernier.
«(L’année dernière), ça sentait le diesel. On était sur la route tout le temps. En 2010, (on vivait) davantage le stress de voir comment l’album allait être reçu», renchérit le chanteur Louis-Jean Cormier en entrevue téléphonique le 9 décembre.
En 2009, le groupe donnait des concerts ici comme en Europe et enregistrait son nouvel opus. Cette année, il a récolté le fruit de ses efforts. La formation pensait passer une année plus tranquille. Le destin lui aura cependant joué un tour… Karkwa a présenté de nombreux concerts en plus de récolter les honneurs. Il a notamment participé au Festival d’été de Québec et à Pop Montréal.
Les honneurs
En décembre, iTunes a publié son palmarès «Rewind 2010», consacré aux albums et chansons les plus populaires de l’année sur la version canadienne du site. Dans la section Canadiana, «Marie tu pleures» de Karkwa était la chanson la plus prisée.
«Les chemins de verre» a aussi fait sa marque dans la section Musique francophone d’iTunes: cet album y était le plus vendu. «Le pyromane» était également le morceau favori des fans de cette catégorie.
Karkwa s’est aussi distingué aux récents Bucky Awards, décernés par CBC Radio 3, l’équivalent anglophone de Bande à part. Cette année, le groupe a été élu «Meilleure raison d’apprendre le français». «C’est une belle gang», dit Louis-Jean au sujet de cette radio qui a accueilli Karkwa à plus d’une reprise. Il se dit content de gagner ce prix décerné par un média qui vise une «clientèle alternative et jeune».
Le Prix Polaris et l’ADISQ
En septembre, à Toronto, Karkwa a remporté le prix Polaris, qui récompense le Meilleur album canadien de l’année. Tegan and Sara, The Besnard Lakes, Broken Social Scene et Radio Radio faisaient notamment partie des dix finalistes.
Un journaliste torontois a toutefois soulevé une controverse suite à la victoire de Karkwa. Le scribe laissait entendre que la présence de quatre jurés francophones (dont deux provenaient de l’extérieur du Québec) au sein d’un jury composé de 11 personnes aurait pu favoriser le groupe. «Le gars du Globe and Mail nous a quasiment fait de la publicité», lance Louis-Jean au sujet de cette histoire!
Karkwa a bien aimé sa participation au gala Polaris. Chacun des groupes ou artistes cités y a offert une prestation. Louis-Jean avoue avoir été un peu «stressé» lors de la soirée mais est très content d’avoir récolté les honneurs. La formation était également surprise de recevoir un tel prix.
«Les gens nous disent que nous avons avoir l’air plus contents d’avoir gagné le Polaris qu’un Félix», lance le chanteur. Ce prix a réellement une valeur spéciale aux yeux des membres. C’est une récompense décernée «par un jury spécialisé», précise l’auteur-compositeur et interprète.
Dans la Belle Province, le groupe se trouve aussi en «terrain connu». Il est également un habitué des galas de l’ADISQ. En 2008, Karkwa avait reçu quatre Félix pour «Le volume du vent», son disque précédent. Cette année, il a remporté celui de l’Album alternatif de l’année. Grâce au Polaris et aux ventes d’albums qui ont suivi au Canada anglais, Karkwa est bien content «d’exister en dehors du Québec», selon le chanteur.
«En même temps, il ne faut prendre l’habitude de gagner quelque chose dans la vie», ajoute-t-il au sujet des nombreuses récompenses obtenues par Karkwa. On ne peut s’habituer à une telle chose, ajoute-t-il.
Cet automne, le Félix du Groupe québécois de l’année, décerné par vote populaire, a cependant échappé à Karkwa. Le public lui a préféré Mes Aïeux. Pour le chanteur, ne pas gagner ce prix a suscité «plus de blabla» que de remporter la victoire. Si le groupe avait reçu ce Félix, la nouvelle aurait été vite classée, croit-il.
«Je vais faire mon Coeur de pirate et je vais dire que le groupe de l’année, ça aurait dû être Karkwa», avait d’ailleurs dit le leader de Mes Aïeux Stéphane Archambault en allant cueillir son prix à l’ADISQ. Louis-Jean a bien apprécié cette intervention, avoue-t-il en entrevue.
En novembre, avec un nouveau Félix et le Polaris en poche, Karkwa a même été honoré à l’Assemblée nationale à la suite d’une motion déposée par le député Yves-François Blanchet.
L’année à venir
«L’année 2011 va sentir le diesel. On sera sur la route», explique Louis-Jean. Karkwa a toutefois pris la décision de ne pas vouloir tout faire à tout prix. Les membres ne veulent pas «s’essouffler» ni nuire à leur vie familiale.
Même si le groupe «ne vit pas riche», dit Louis-Jean Cormier, il est capable de tirer son épingle du jeu et de faire son chemin dans l’industrie de la musique, un univers de plus en plus difficile.
En mars, Karkwa fera la première partie de Plants and Animals lors de concerts présentés en Ontario. D’autres spectacles sont aussi prévus au Québec d’ici le printemps.
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