C’était une formation solide et particulièrement en forme qui nous accueillait hier soir à La Nouvelle Scène d’Ottawa. Karkwa venait nous rendre visite pour bien entamer l’année 2011 et, heureuse coïncidence, pour célébrer l’anniversaire de leur fabuleux claviériste, François Lafontaine. Surmontant les quelques, quoique importants problèmes techniques, la troupe a su nous éblouir de par ses chansons qui déplace de l’air autant qui nous attendrissent, mais aussi de par son sens de l’humour, aussi contagieux que marrant....
Article de Teo, ReelRadio.fm
Pour nous présenter les chansons de son – excellent – nouvel album, Les Chemins De Verre, Karkwa entame le spectacle avec un nouveau joujou : le lapsteel de Louis-Jean Cormier (chant, guitare, lapsteel), qui ne faisait pas partie de la précédente tournée. Le guitariste semblait d’ailleurs complètement absorbé par cette nouvelle acquisition, arborant un visage qui trahissait son plaisir, voire son extase. Le groupe amorce le concert avec l’air de la mystérieuse et plutôt lugubre Dors dans mon sang, pour ensuite enchaîner instantanément avec Le Pyromane, chanson très rythmée qui donnera le ton au spectacle.
Cormier nous annonce que le concert sera joué sans entracte, qu’ils vont nous balancer leurs chansons « à la vitesse de l’éclair ! » mais, dû à un problème de moniteur majeur, le spectacle va perdre le rythme qui nous était promis. Une pause va d’ailleurs être nécessaire pour corriger le tir, mais elle va s’avérer vaine. Cela ne démonte pas pour autant la formation, d’une humeur particulièrement rayonnante, qui va convertir le tout à la blague, provoquant l’hilarité dans la salle en entonnant des airs de Paul Piché, entre autres, pendant que l’équipe technique se démène pour régler le problème. Karkwa, dans tous les spectacles auxquels j’ai assisté, a toujours ce côté pince-sans-rire, s’amusant entre eux autant qu’avec la salle entre les chansons, et hier soir plus que jamais.
Malgré cette complication récurrente, le groupe était en pleine possession de ses moyens, avec le son contrôlé et puissant qu’on leur connait. C’était particulièrement vrai lors de l’interprétation du Compteur, chanson à grand déploiement qui amorçait en grandes pompes le troisième et maintenant classique album de la formation, Le volume du vent. Même si le bassiste Martin Lamontagne n’est pas des plus scintillants, son apport au son du groupe est indéniable. Particulièrement dans cette chanson, où, permettez-moi l’expression, la basse rentrait d’dans ! Il ne faut pas oublier non plus le fait que Karkwa compte deux batteurs dans sa formation, Stéphane Bergeron, qui tient le rythme et se permet quelques passes, et Julien Sagot, qui vient enrichir les ambiances de ses nombreuses expérimentations sonores. Le claviériste François Lafontaine, de son jeu majestueux et de ses bidouillages, on s’en rend compte encore plus sur scène, est tout aussi essentiel à la robustesse des musiques de Karkwa. Leur façon de se perdre et de monter, monter en intensité dans ce qui nous semble être chaotique, puis de retomber instantanément, sans même se faire de signes mutuellement, illustre et caractérise la forte cohésion qu’entretiennent les membres de Karkwa, sur scène et en général.
Une des forces de Karkwa est de savoir se réinventer, notamment avec L’épaule Froide, plus éclectique, comme on la retrouve sur les récentes iTunes Sessions, disponibles sur l’iTunes Store depuis la fin décembre. Marie tu pleures et Oublie Pas, les deux chansons les plus aptes à jouer à la radio commerciale, ont étés exécutées avec une facture beaucoup plus rock et électrifiantes. D’ailleurs, les chansons du tout premier album, Le Pensionnat des Établis, ont encore étés laissées de côté. À quand un Tableau Africain ou un Hold-up, version live ?
Bref, un excellent concert qui nous a été offert par un des grands groupes canadiens de l’heure. La bonne humeur au rendez-vous, la musique qui nous éblouit toujours de façon magistrale, la sensibilité des textes et des mélodies qui s’entremêlent avec les intenses envolées planantes et massives, voilà ce qui constitue les éléments d’une recette qui fonctionne à chaque occasion pour le quintette québécois. À chaque spectacle de Karkwa, on se sent témoin d’un phénomène plus grand que nature, qui ne fera que prendre de l’ampleur au fil des années. Merci Karkwa de faire de la si belle « musique en français ! ». On se revoit le 6 mai prochain, à la salle Jean-Desprez !
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