On ne pouvait décemment pas se livrer à un bilan 2010 sans parler culture. Voici donc une rétrospective de ce qui s’est fait de mieux sur la scène culturelle québécoise durant l’année écoulée. Comme leurs collègues des sections sociétés et politique, les chroniqueurs culturels québécois se sont pliés à l’exercice: relever les spectacles/albums/films, et parfois livres et essais, qui se sont élevés au dessus de la mêlée en 2010. Figurent en bonne place les créations de l’automne, agrémentées de quelques coups de cœurs moins récents que les journalistes auront voulu mettre en avant une dernière fois, avant de basculer dans la nouvelle année. (...)
L’année de Karkwa. Sans conteste, 2010 aura été l’année de la consécration pour le groupe montréalais Karkwa. Après un joli parcours depuis sa formation en 1998 (finale des Francouvertes en 2001, prix Félix-Leclerc de la chanson à la clôture des FrancoFolies en 2006, quatre prix récoltés au gala de l’Adisq pour leur troisième album en 2008), le quintette a reçu un accueil plus que chaleureux pour son quatrième album, Les chemins de verre, sorti en mars dernier.
En outre, cet album a reçu le Félix de l'Album alternatif et le prix Polaris, un prix canadien qui, pour la première fois depuis sa création en 2006, récompense un groupe francophone. Pour la petite histoire, cela a suscité l’étonnement d’un journaliste du quotidien torontois The Globe and Mail, qui a vu dans cette victoire l’influence indue des membres francophones du jury. Qu’importe, cette petite controverse, qualifiée par le chroniqueur de La Presse Marc Cassivi de «démonstration, parmi tant d'autres, du mur étanche —et insonorisé— qui sépare le Québec du reste du Canada», n’a pas empêché Karkwa de récolter les faveurs de la presse et du public. Quant à nous, bien que séduits par des mélodies accrocheuses et des arrangements qui donnent une belle épaisseur à la musique, on bute sur les textes, un peu en-dessous.
Autre projet, dans lequel Louis-Jean Cormier, l'un des piliers de Karkwa, s’est illustré: la reprise, en musique, de douze poèmes de l’immense Gaston Miron, sous le titre 12 Hommes rapaillés volume 2. Cormier signe les arrangements sur des musiques de Gilles Bélanger, qui a choisi les interprètes et les textes du poète (sans doute le plus connu au Québec). On ne saurait que trop vous conseiller de vous ruer sur Internet pour vous procureR ce CD. Et l’on défie quiconque de passer au travers de cette écoute sans avoir senti, au moins une fois, les poils de ses bras se hérisser.
Extrait de l'article "Mieux vaut art que jamais" par Marjorie Wirzbicki et Jérôme Houard
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