(Québec) Un spectacle acoustique inégal et un avant-goût de l'album à paraître au printemps : c'est ce que nous a offert Karkwa hier soir au Théâtre Petit Champlain, où le groupe remontera sur scène ce soir devant une salle comble.
La prestation d'hier était à la fois déroutante et familière. Déroutante, parfois, parce que le quintette a proposé des relectures audacieuses de certaines chansons, comme Coup d'État, méconnaissable. Aller jusqu'à déconstruire la mélodie, c'était à mon sens pousser trop loin l'exploration. C'est le genre de chose qui, presque toujours, entraîne la déception. Pour la très belle Épaule froide, encore un malaise. Le groupe s'est montré inventif aux percussions, mais l'instrument qui marquait le tempo prenait beaucoup trop de place, enterrait la voix et même le piano.
Maintenant, pour d'autres chansons, la version acoustique était étonnamment proche de l'enregistrement, et la puissance rock du groupe ne perdait rien dans l'exercice. Alaska et Combien ont donné lieu à de belles envolées en deuxième partie, tout comme le succès Oublie pas, un peu plus tôt.
L'atmosphère était celle d'un party de cuisine, pour reprendre les mots du chanteur Louis-Jean Cormier. Ainsi, il s'est permis d'échanger plusieurs blagues avec le pianiste François Lafontaine, mais on avait l'impression que ça se passait entre eux plus qu'avec nous par moments. Personne n'a semblé s'en formaliser, Karkwa jouait devant un public conquis d'avance, mais l'échange avec le public reste un point à améliorer.
La première partie, quoique livrée avec adresse par des musiciens doués, manquait nettement de moments forts. La deuxième a commencé plus solidement, mais s'est un peu essoufflée sur Froids fonds.
Le prochain album laisse espérer des mélodies plus construites, moins de courts motifs répétitifs, mais aussi plus de joie, plus de soleil, un côté plus pop. En tout cas, c'est ce qui est apparu dans les trois nouvelles chansons offertes par Karkwa et particulièrement dans Marie, très entraînante.
Au final, un spectacle en dents de scie, dans lequel l'émotion ne faisait pas toujours son chemin. Karkwa a déjà offert beaucoup mieux.
Article Karkwa "acoustique: un spectacle en dents de scie" de Valérie Lesage, Le Soleil,Publié le 05 février 2010
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