Je me souviens [...] assez bien de ma découverte de Karkwa. Il faut dire que ça fait moins longtemps que le visionnement du film en question! En fait, j’ai commencé par découvrir Louis-Jean Cormier. Sur scène, lors du spectacle des Moquettes Coquettes à l’ouverture des Francofolies en 2008. Quand même! Une panoplie de musiciens les accompagnaient. Du spectacle, pas grands souvenirs, rafraîchissant, sans plus. Mais Lui, il avait attiré tout de suite mon attention. Je devrais plutôt dire qu’il m’avait intriguée. Un peu en retrait, allure timide, mais pas effacé. Tout à coup, il se met à chanter, si ma mémoire est bonne – et on peut en douter – Le tour de l’île de… ahah! Blanc de mémoire. Ouf! Félix Leclerc. Tout seul à la guitare. Aplomb. Simple, mais… ça. Tout en douceur, mais sentiment puissant. Curiosité oblige, je fouille dans le programme pour savoir: c’est qui Lui?
Là, il y a un flou… Comment j’ai rattaché Louis-Jean Cormier à Karkwa? Suis-je allée acheter le disque Le volume du vent et je fus époustouflée à ce point qu’à la première occasion j’ai acheté un billet pour leur spectacle ou ai-je entendu à la radio le buzz Karkwa et je suis allée voir leur show au Métropolis – ou était-ce au Club Soda? – et je n’en suis pas revenue depuis? Quelle drive en spectacle! Drive planante. Rock sale, sourires complices entre eux et avec la salle. Même sentiment puissant. Pourquoi la musique semble simple alors qu’il n’y a pas plus fignolée? Pourquoi elle m’entre dans la peau comme une caresse intime alors que les guitares grondent les décibels? Jamais entendu un «jeune» groupe aussi bien réglé sur scène. (Je lis qu’en 2008, le groupe existait depuis 10 ans. En retard matante?!). De grands musiciens amateurs. Amateurs parce que l’énergie qu’ils dégagent est celle d’une gang de chums qui jouent ensemble pour avoir du fun. Des trippeux de musique, qui font dans les détails, mais n’en oublient pas l’essentiel: l’émotion qu’elle procure....
Puis tout s’enchaîne et m’enchaîne encore plus assurément à eux, à Lui. Cormier se distingue dans la réalisation d’albums, dont Douze hommes rapaillés et celui de Marie-Pierre Arthur. Un nouveau disque Les chemins de verre est lancé, alors que je n’ai pas encore fini de digérer, d’encaisser Le volume du vent. En fait, je n’achète pas tout de suite leur nouveau CD. Je vais les «voir» en spectacle. Encore une fois, époustouflée, enjôlée, enchaînée. En deux notes, j’entre en transe.
Bref, c’est conquise d’avance que je me suis pointée à la première du film sur Karkwa, dans le cadre du FIFA. La 5e salle de la Place des Arts est comble. Quelques membres de Karkwa sont là. Après quelques secondes de suspension dans le noir, le film commence avec une première toune, La piqûre, et des images hallucinantes: points brillants sur fond noir façon galaxie du bout de l’univers ou alors globules rouges, artères, vitesse façon documentaire de Découvertes en accéléré. Magnifique infographie, c’est bien parti. Sauf que ça ne dure pas et ce n’est pas tout à fait ça. Les cendres de verre se présente comme un film «sur» Karkwa. Je ne suis pas d’accord.
Le film de Nat Le Scouarnec repose sur la mise en images de la musique du dernier album de Karkwa: Le pyromane, L’acouphène, Marie tu pleures, Le bon sens, Le chemin de verre, 28 jours, Le vrai bonheur. Le film n’est pas tout à fait qu’une série de vidéoclips, il y a bien quelques extraits «documentaires». Cependant, on n’entre pas dans l’intimité de Karkwa, ni dans leur processus de création ou si peu. On reste au-dehors. Il s’agit plutôt d’un vernis ajouté, un univers visuel créé en parallèle, pour rester dans la métaphore astronomique, à l’univers sonore du groupe. Les images rehaussent, la plupart du temps, l’ambiance suggérée par la musique. Encore ressenti des frissons à l’écoute/visionnement de la pièce Le bon sens. Les images d’hôpital juxtaposées à celles du studio d’enregistrement sont particulièrement réussies et évocatrices. La musique en tant que transfusion sanguine, que flux vital. Par contre, je n’ai pas saisi la métaphore de la plante verte pendant Le chemin de verre et encore moins apprécié son esthétique. Tandis que les images en spectacle traduisent bien l’ambiance qui y règne, elles demeurent une pâle copie de la puissance ressentie live (il faut peut-être aussi considérer que la sono de la 5e salle n’est pas celle d’une salle de show rock). Là où le film ajoute, ce sont dans les petits détails qu’on ne peut voir en spectacle et isolés ou amplifiés par la caméra et le son: le bruit des bouteilles de bière vides sur la caisse claire, une chaîne de billes sur la cymbale, le tripréalisé dans l’Église Saint-Jean-Baptiste où le claviériste, François Lafontaine, s’en donne à coeur joie sur l’orgue Casavant. Karkwa explore, on adore.
Vous comprendrez que je me suis pas pâmée, mais je ne me suis pas ennuyée. Le film vaut la peine d’être vu et, bonne nouvelle, il sera présenté du 9 au 14 avril 2011. Devinez où? Au Cinéma du Parc. Le groupe annonce dans son site qu’il sera en spectacle à Montréal le 4 mai dans le cadre du spectacle bénéfice pour le Festival de musique émergente (où?), le 5 mai au Club Soda (dans le cadre du Solidari-Show, ai-je pu lire dans le site de la salle) et le 23 juin (dans le cadre de la Saint-Jean?). Ils annoncent aussi un spectacle le 10 juin à Tadoussac. Probablement dans le cadre du Festival de la chanson auquel je rêve d’assister, mais ce ne sera pas encore pour cette année. Anyway, peu importe où, allez les entendre, vous allez tripper, léviter. C’est sûr que je vais retourner voir ce groupe dont l’étoile brille maintenant un peu partout, si on en juge par les nombreux prix gagnés dans la dernière année.
Prix de l’Album de l’année – alternatif à L’Autre Gala de l’ADISQ 2010. Nomination dans la catégorie Groupe de l’année au Gala de l’ADISQ 2010. Gagnant du Prix de musique Polaris 2010 (meilleur album canadien de l’année; 1er groupe francophone à gagner ce prix). Prix de l’artiste francophone/groupe francophone de l’année aux Indie Music Awards 2011 (musique indépendante canadienne) En nomination pour 2 prix Juno Awards2011 : alternative album of the year et francophone album of the year (remise demain 27 mars). Karkwa a assuré 4 prestations au South by southwest 2011.
On peut aussi visionner d’autres vidéos de Karkwa réalisés par Nat Le Scouarnec et d’autres concerts à emporter/take away shows de la Blogothèque. Des heures de découvertes en perspective! Pour un aperçu de la richesse de l’univers de Karkwa, visionner leur session de Bande à part avec une chanteuse invitée (explorer ce site, une mine d’or en musique émergente québécoise).
Et je suis sûre que j’en oublie, évidemment!
MÀJ 28 mars. Karkwa a gagné le prix Juno dans la catégorie francophone album of the year. C’est Arcade Fire qui a gagné le Juno alternative album of the year.
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