(Saint-Prime) Une énorme tempête d'intensité a déferlé au Vieux couvent de Saint-Prime, jeudi soir. Le cataclysme Karkwa a tout dévasté après son passage. Une époustouflante démonstration de subtilité musicale. Du grand art.
Le souffle de la bande de Louis-Jean Cormier est imposant. La finesse et la force des mélodies se déploient pour nous enivrer graduellement. Une tempête sonore parfaite, hivernale et lumineuse.
Le répertoire de Karkwa est tellement riche que les cinq musiciens se font plaisir en puisant principalement dans le «Volume du vent» et les «Tremblements s'immobilisent» pour cette mini-tournée jeannoise. Les nouvelles moutures propulsent les chansons dans des confins surprenants. «L'épaule froide», «Le Compteur» et «Dormir» avaient des couleurs encore jamais entendues. Un grand groupe qui sait se réinventer. Des passionnés qui tripent sur une scène habitée par leur musique. Un enivrement contagieux pour les chanceux présents au Vieux Couvent jeudi soir.
Karwa a mis le feu avec «Pyromane». En partant, les deux batteurs, Julien Sagot et Stéphane Begeron, imposent leur volonté de faire exploser la salle. Ça marche.
Les deux matamores en ajoutent une couche dans «Acouphène». Section rythmique d'enfer, amplifiée par la basse assourdissante de Martin Lamontagne. Les hostilités sont lancées. Ça ne dérougira pas. C'est promis. La soirée va être intense et longue, avec un acouphène en prime.
On donne un petit répit sonore avec «Chemins de verre». Rugueuse, puis ample, la pièce se développe pour ensorceler les 150 personnes déjà envoûtées.
Malgré un fond de bronchite, la voix de Cormier est cristalline, haut perchée, juste et touchante dans «Moi léger», mise en valeur par les claviers de François Lafontaine.
Musique viscérale qui entre dans le corps pour ne plus nous quitter, complètement habité par les sonorités si riches du jeu de clavier inspiré et inventif de Lafontaine. Un très grand musicien.
«Sans savoir que l'heure avance», la foule est «comme des craqués qui dansent» au son de «Compteur». Le temps n'existe plus. En suspension entre ciel et terre, «L'épaule froide» vient propulser encore plus loin dans la galaxie le spectateur.
Quand on rouvre les yeux, ce sont les accords de l'irrésistible «Marie, tu dors» qui sonnent.
«Red light»
La deuxième partie débute tout en douceur. La version acoustique de «Red light» met en évidence le texte dense de [correctif : le texte est de Julien Sagot et non pas de : ] Brigitte Fontaine. Une pièce touchante livrée à sa plus simple expression.
Puis la vaporeuse «Dormir» nous replonge dans le monde de Karkwa, lourde et éthérée. Interminable intensité à laquelle succède un «jam» délicieux et mémorable.
L'apothéose suit avec «Solstice», par le son de guitare à la Neil Young de Cormier déjanté. La foule en ressort décoiffé. Sublime.
Pour être sûre de nous achever, la bande nous brûle les oreilles. «Quand l'hiver de ses gants blancs souffle un vent qui brûle les mains», vocifère le chanteur qui ne peut s'«Échapper» de la déferlante rafale mélodique de ses comparses.
Ça sent la fin avec «28 jours», symbiose entre le piano et la voix, ambiance planante de guitare. Vibrante. Touchante. Crescendo presque insupportable, point d'orgue pour ce concert impeccable.
Le rappel, une évidence... En format étonnamment très rock, cette pièce a fait «sourire les filles».
Quand le public est sorti, encore habitée par la tempête Karkwa, toute la neige avait fondu.
Mentionnons que le groupe sera en spectacle ce soir, à 20?h, au Théâtre Palace d'Arvida.
Article de Louis Potvin, Le Quotidien, Publié le 12 février 2011 sur Cyberpresse.ca
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