Photo : Annik MH De Carufel - Le Devoir
La tournée des Chemins de verre se termine demain au Métropolis
Vingt miles à pied, ça use les souliers. Pour Karkwa, 40 000 disques vendus et des milliers de kilomètres parcourus ont usé les souliers, les doigts, la voix et la tête — et peut-être aggravé les acouphènes. Épuisé mais heureux, le groupe donne un dernier concert demain au Métropolis, avant de prendre une pause d'une durée indéterminée, le temps de recharger les batteries.
Dans le brouhaha du pub Saint-Élizabeth, mercredi soir, Louis-Jean Cormier, François Lafontaine, Stéphane Bergeron, Julien Sagot et Martin Lamontagne ont reçu sans grands discours leur premier disque d'or lors d'une cérémonie un peu broche à foin, organisée à la dernière minute pour satisfaire les journalistes en quête d'entrevues-bilan. Dans l'air, un mélange de joie et de fatigue. Quelque part entre «les 20 derniers mois ont été magiques» et «ça peut-tu finir».
C'est le claviériste François Lafontaine et le batteur Stéphane Bergeron qui ont bien voulu prendre quelques minutes avec Le Devoir pour faire le point sur l'aventure des Chemins de verre et la sabbatique qui commencera dimanche. «La pause qu'on voulait prendre avant de lancer le disque, elle ne s'est jamais prise, raconte Lafontaine. Là, c'est humainement que c'est dur. C'est mathématique: on en a fait en osti de la route, et je vais souligner osti! Et plusieurs d'entre nous ont eu des enfants en même temps, faut pas l'oublier.»
Dans le brouhaha du pub Saint-Élizabeth, mercredi soir, Louis-Jean Cormier, François Lafontaine, Stéphane Bergeron, Julien Sagot et Martin Lamontagne ont reçu sans grands discours leur premier disque d'or lors d'une cérémonie un peu broche à foin, organisée à la dernière minute pour satisfaire les journalistes en quête d'entrevues-bilan. Dans l'air, un mélange de joie et de fatigue. Quelque part entre «les 20 derniers mois ont été magiques» et «ça peut-tu finir».
C'est le claviériste François Lafontaine et le batteur Stéphane Bergeron qui ont bien voulu prendre quelques minutes avec Le Devoir pour faire le point sur l'aventure des Chemins de verre et la sabbatique qui commencera dimanche. «La pause qu'on voulait prendre avant de lancer le disque, elle ne s'est jamais prise, raconte Lafontaine. Là, c'est humainement que c'est dur. C'est mathématique: on en a fait en osti de la route, et je vais souligner osti! Et plusieurs d'entre nous ont eu des enfants en même temps, faut pas l'oublier.»
Depuis environ deux ans, Karkwa a connu tout un parcours, récoltant le prix Polaris, un Félix et un Juno, multipliant les voyages en Europe — et plus récemment aux États-Unis et dans le reste du Canada. François Lafontaine claque des doigts. «Ça a passé comme ça. Clac. Tu dis deux ans, mais je dirais que les 10 dernières années sont passées comme ça. Clac. Au début, notre gérant Sandy Boutin appelait les salles et les gens ne voulaient pas nous prendre. Alors notre truc, vu qu'il venait de lancer le Festival de musique émergente, c'est qu'on prenait son kit de sonorisation, et on disait aux gens: louez rien, on arrive avec le nôtre. On traînait les subwoofers, tout le système, on branchait ça nous-mêmes... Ça, c'est de la persévérance, man. Et c'est le sort d'un paquet de groupes.»
Plafonnement et compromis
De leurs passages en France, sur lesquels le groupe avait misé gros, Karkwa tire un bilan mitigé. «C'est toujours tentant d'y aller quand par exemple Les Inrockuptibles publient une bonne critique des Chemins de verre, explique Stéphane. Mais les résultats, c'est encore une fois un super beau succès d'estime, mais pas très bon financièrement. Là-bas, tu fais énormément d'argent, ou tu n'en fais pas, y'a pas d'entre-deux.»
Est-ce à dire qu'avec une possibilité d'exportation encore limitée et les ventes globales de disques qui tendent à chuter, Karkwa a atteint un «plafond» de fans? «La question n'est pas bête, reconnaît Stéphane. À chaque disque, on a augmenté les chiffres de ventes. Mais demain, dans une vie parallèle, on va à Star Académie, par exemple, et la prochaine vedette qui en sort chante Moi-Léger, aller-retour, sans arrêt. On le fera jamais, mais je serais curieux de voir si on vendrait 100 000. Mais si on faisait ça, on perdrait ben du monde aussi.»
François Lafontaine frétille sur son tabouret. Le sujet est délicat, surtout après le récent débat autour de la présence de leur pièce Le pyromane dans une pub de Coca-Cola. «C'est un choix personnel que l'artiste peut avoir, mais je pense que des fois, on se met des bâtons dans les roues. On se crée nos propres barrières par rapport au marché qu'on a. Mais ce qui reste toujours, c'est l'authenticité de ta musique. Écoute le disque pis laisse faire le débat sur la pub. Le disque te touche? C'est tout ce qui compte.»
Demain, au Métropolis, Karkwa enregistrera le concert, ce qui a aussi été fait à Québec fin-novembre. Le groupe en fera en 2012 un disque live. Sinon, plusieurs des membres ont des projets personnels, le percussionniste Julien Sagot lançant par exemple son album solo à la fin du mois de janvier. Karkwa se fait rassurant auprès de ses fans, cette pause n'est pas la fin. «Pour ça, il faudrait être totalement écoeuré du band, ce qui n'est pas le cas, dit Lafontaine. Tout le monde a besoin de respirer un peu. C'est important pour nous de prendre une pause si on ne veut pas que ça s'effrite. Quand on va revenir, on va revenir en force.»
Article de Philippe Papineau, Le Devoir,le 16 décembre 2011
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