Il est des groupes qui ressentent le besoin d'emplir l'espace qui réside entre nos deux oreilles. Pour nous inciter à regarder plus loin que ce que l'on tient pour acquis tout en restant à l'écoute.
Quintet québécois rôdé à la scène, et à la carrière déjà riche d'une jolie décennie, Karkwa pratique depuis 1998 un rock ample et ambitieux et se gargarise de le faire en français.
Non par chauvinisme mais pour le plaisir d'en extraire toute sa mystérieuse essence pour dessiner des mélodies oniriques et écorchées. Découvert en 2008 avec Le volume du vent, on attendait donc avec une fervente attention le retour de ce groupe qui ose transgresser l'efficacité du rythme binaire.
Quintet québécois rôdé à la scène, et à la carrière déjà riche d'une jolie décennie, Karkwa pratique depuis 1998 un rock ample et ambitieux et se gargarise de le faire en français.
Non par chauvinisme mais pour le plaisir d'en extraire toute sa mystérieuse essence pour dessiner des mélodies oniriques et écorchées. Découvert en 2008 avec Le volume du vent, on attendait donc avec une fervente attention le retour de ce groupe qui ose transgresser l'efficacité du rythme binaire.
Avec Les chemins de verre, Karkwa fait donc de son quatrième album un itinéraire mouvementé, périlleux, qui alterne des morceaux à l'intimisme ouaté avec des titres rugueux, dans lesquels la délicatesse des arrangements n'est qu'un textile trompeur pour habiller la rudesse des êtres.
Il arrive que Karkwa cède aussi à la fascination de la pesanteur du rock. Mais lorsqu'il le fait, il ne le fait jamais en criant à tue-tête. Trop facile. Et puis la rage des arrangements limiterait la portée du discours. Percutant pamphlet politique, Le bon sens est une chanson maîtresse de ce nouvel album qui s'interroge sans démagogie sur la cruauté qui semble faire tourner notre monde: "Une autre question qui m'éclate la cervelle/ Pourquoi autant de kamikazes dans la vie pour aussi peu de poussière sur les cravates fleuries ?". Karkwa utilise donc le prolongement d'un arpège acoustique pour faire naître une ligne de basse qui s'amuse massivement à onduler sur les incongruités de notre système.
Et de fustiger alors les abonnés au pas de l'oie, depuis le simple mouton qui se résigne à son sort en passant par le troufion au service de notre système économique. Implacable et essentiel.
Tunnel sombre et sonore, ces Chemins de verre se réserve tout de même une embellie comme porte de sortie. Le disque s'achève donc par une ballade céleste intitulée Le vrai bonheur; une sorte d'ode romantique qui rappelle simplement qu'en ce bas monde, il n'est pas naïf de croire encore au meilleur de l'être humain.
Article "le bon sens de Karkwa" de Jeoffroy Vincent, Gammazik, blog sur Le Monde.fr, le 07 Octobre 2011
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