Déjà un quatrième album pour la formation Karkwa. Je me souviens encore du lancement du premier album, en 2003, comme si c’était hier. On sentait déjà que ce groupe allait un jour dominer la scène musicale du Québec. Malgré les Félix remportés, les critiques dithyrambiques, le groupe ne s’assoit pas sur ses lauriers, continue à faire à sa tête et à façonner un son qui lui est propre.
Une des premières choses qui m’a frappé, c’est à la fois cette distance entre ce quatrième opus et le tout premier du quintet et cette logique évolution entre les deux. Si on les écoute l’un après l’autre, le chemin parcouru frappe, et, pourtant, l’évolution s’est fait si naturellement, à coups de petits pas sur chacun des albums, que l’amateur n’est pas du tout dérouté. On ne peut plus, maintenant, faire des rapprochements avec Radiohead, leur « maudite » référence habituelle des débuts, si ce n’est que les deux groupes réussissent à faire une pop intelligente, raffinée, à la fois éclatée, atmosphérique, rythmée et enivrante, gagnant les fans de musique pop et gardant le respect de la scène indépendante.
Pour ce quatrième album, les musiciens ont pratiquement improvisé dans le studio. Pas de chanson travaillée durant des mois, les arrangements se sont faits au fur et à mesure. Les apparences nous font croire à une musique épurée, mais plusieurs segments remettent ces croyances à leur place. On sent un rapprochement avec Patrick Watson dans ses grandes respirations aériennes contrastant avec les sections rythmiques frondeuses. Tantôt on côtoie le folk, le post-rock, la pop, la ballade ou le rock, mais à la couleur Karkwa, un son qui leur est propre et unique.
Au final, une poésie laissant à l’auditeur faire sa propre interprétation, une musique aux mélodies confortables comme une chaude couverte sans être facile, mais surtout le reflet de cinq musiciens maîtrisant encore plus leurs instruments, leur complicité et qui ne semblent pas, malgré tout, au bout de leur créativité et collaboration. Sans aucun doute un des albums de l’année 2010.
Extrait d'un article paru sur le site de "barbe Brune" le 2 juin 2010
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