Imaginé par l’auteur-compositeur Jim Corcoran, à l’occasion de l’événement One Night Stand, qui se tenait plus tôt cette année à Winnipeg, le mariage de Karkwa et du Patrick Watson Band a eu l’effet d’un électrisant coup de foudre.
«Dès le départ, c’était un peu comme un club échangiste, notre affaire!» a rigolé le sympathique Patrick Watson, rencontré cette semaine par Le Soleil.
Pour le plus grand plaisir de tous, les univers proches des deux formations s’étaient amalgamés tout naturellement, en une seule répétition. De quoi donner l’envie aux neuf musiciens de répéter l’expérience! C’est exactement ce qu’ils feront à l’occasion d’une série trois spectacles, soit un à Québec (le 12 juin à la salle Louis-Fréchette) et deux à Montréal (les 13 et 14 juin au National), qui suivront une résidence de deux jours au Grand Théâtre.
Partant du répertoire de chacun des groupes, les musiciens réarrangeront et réinterpréteront, quand ils ne créeront pas de toutes pièces! Déjà, les maquettes de quatre nouvelles compositions, pour la plupart mitonnées conjointement par Watson et François Lafontaine, claviériste de Karkwa, font l’objet d’écoutes intensives de part et d’autre. Sans compter que le clan Watson profitera aussi de ce banc d’essai pour tester des titres de son prochain album.
Ainsi, on pourra entendre — fait rare! — Patrick Watson chanter en français des chansons tirées des trois disques de Karkwa, dont Le volume du vent, sorti récemment. Un défi auquel il a hâte de s’attaquer! De son côté, Louis-Jean Cormier en fera de même, en anglais, avec les pièces de Just Another Ordinary Day et Close to Paradise.
«D’où je suis, je trouve ça vraiment l’fun à entendre! J’aime ce que ça fait, esthétiquement, que d’entendre Patrick chanter en français avec son accent anglais…», a quant à lui fait savoir le batteur Stéphane Bergeron, de Karkwa.
Beaucoup de basse
Avec ses deux pianos, ses deux guitares, ses deux batteries, ses innombrables percussions, son vibraphone, ses deux basses ainsi que la panoplie instrumentale qu’il entend emprunter à l’OSQ, la formation promet des moments de haute densité sonore!
«On parle de deux groupes de musiciens très talentueux. Je n’ai pas de doute qu’on va arriver à faire beaucoup de choses ensemble. Ce qui est certain, c’est qu’il y aura beaucoup de basse!», prévient Patrick Watson, admettant du même souffle que cela pourrait occasionner un beau casse-tête sur le plan de la technique.
L’auteur-compositeur se dit néanmoins confiant que l’expérience, dont les trois volets seront enregistrés aux fins d’un éventuel album, donnera des résultats concluants. Selon lui, le seul ingrédient essentiel à ce genre de rencontre, c’est la complicité. Les neuf musiciens, qui se connaissent et se côtoient dans toutes sortes d’événements depuis déjà un bon moment, n’en manquent pas.
«Dans le fond, la musique, c’est une affaire de chimie. Et ça, on en a! On pourrait être stressés — la salle est grosse, on va enregis-trer —, mais on sait quoi faire. Déjà, on a une base. En plus, si la magie opère, ça va être le fun! Chose certaine, ça part bien… On est tous très contents des pièces qui ont été composées pour le show», ont indiqué à la suite Watson, Stéphane Bergeron et le percussionniste Julien Sagot (Karkwa).
Au 400e
La première fusion des deux formations avait permis aux musiciens de faire quelques constations surprenantes. D’une part, Patrick Watson s’est étonné de la similarité existant entre son jeu pianistique et celui de François Lafontaine. «On joue tous les deux avec beaucoup de sustenato, ce qui est plutôt rare…» a-t-il remarqué. De l’autre, Stéphane Bergeron a noté des différences majeures entre les façons dont Robbie Kuster et lui approchent la batterie. «Ce qui serait intéressant, cette fois-ci, ce serait d’échanger nos parties, lui et moi… L’ajustement de ses tambours et leur sonorité sont complètement différents des miens.»
Après la parenthèse Karkwatson, les deux groupes retourneront aux affaires courantes. De son côté, Karkwa a plusieurs projets en chemin, dont l’enregistrement d’une chanson pour un album hommage à Félix Leclerc. La formation devra également répéter la portion du spectacle du 400e de Québec qu’il offre en compagnie d’Ariane Moffatt, après quoi il se rendra en France pour une semaine. Cet été, il participera aussi à plusieurs festivals, dont Woodstock en Beauce à la fin de juin.
De l’autre, le Patrick Watson Band, prendra la direction de l’Europe, où il offrira quelques spectacles en plus de commencer «la recherche et le développement» en vue d’un troisième album qu’il compte enregistrer à l’automne.
Kathleen Lavoie/ Le Soleil/ Québec