Karkwa - Les tremblements s'immobilisent
Le premier disque, Le pensionnat des établis, avait allumé la mèche. Cette fusion des genres - tantôt africain, tantôt jazz ou funky - malaxée par d'habiles musiciens donnait une idée du potentiel de cette formation existant depuis 1998.
Pour son deuxième essai discographique, le groupe a ajouté une dose importante de rock britannique à sa potion musicale. Plus resserré, mieux contrôlé, débarrassé des scories, l'album Les tremblements s'immobilisent étonne agréablement. De toute évidence, Karkwa n'est pas un pétard mouillé.
Un rock qui sort du garage
En fait, le chanteur principal et ses acolytes s'en tiennent essentiellement à un rock qui cultive les tensions stimulantes, se servant du piano de François Lafontaine et de la guitare pour ce faire. Ceux qui pensent à Radiohead ou au Fred Fortin du disque Planter le décor n'ont pas tort. D'ailleurs, Pierre Girard, acolyte de Fortin, a coréalisé le projet et signé la sonorisation. Alors que le rock local opte très souvent pour l'énergie brute d'un son de garage, Karkwa fignole ses arrangements, livrant ainsi une musique en mouvement à l'intérieur des chansons.
Un chant qui déchante
La voix de Louis-Jean Cormier perce le mur du son construit par lui et ses collègues (Le coup d'état). Celle de Julien Sagot, percussionniste et parolier, donne un ton plus intimiste à Pili-Pili, une chanson apparemment légère traitant pourtant du trafic des organes. Séduite par les propos du groupe, Brigitte Fontaine a accepté d'interpréter Red Light. Sur des mélodies qui ne deviennent jamais des ritournelles, Karkwa a choisi l'angle psychologique. Dans La fuite, il est question de la panique d'un type qui a tiré sur le président Bush. Dans Les vapeurs, Cormier entre, de façon non explicite, dans la tête d'un jeune tueur.
Scène : l'attitude rock
Considéré jusqu'ici comme un groupe de scène, Karkwa s'est doté de douze nouvelles chansons qui donnent du carburant à haut indice d'octane à sa machine scénique. Les cinq musiciens l'ont démontré lors de leur premier concert au lendemain de la parution du CD dans le cadre de Coup de coeur francophone.
Sous les éclairages et les projections, ces gars-là ont une attitude rock et un plaisir évident d'être là. Au printemps dernier, des médias américains ont souligné l'excellence de la scène montréalaise anglophone avec Arcade Fire, The Dears et The Stars. L'équivalent francophone n'existait pas vraiment. Karkwa occupe désormais cette niche pour le plus grande joie des amateurs de musique.
Karkwa - Les tremblements s'immobilisent (Audiogram ADCD 10189)